🍽 Bon appétit bien sûr
Les prix de l’énergie flambent ! On pense immédiatement au plein d’essence ou à la facture de gaz ! Et pourtant, il y a un secteur (vital) qu’il ne faut pas oublier : l’agriculture !
Nous devons une partie des rendements élevés de l’agriculture dite conventionnelle aux engrais azotés.
L’azote est naturellement présent dans les sols et assure la croissance des végétaux. Les engrais chimiques à base d’azote viennent doper cette croissance.
Quel rapport avec la choucroute ? Ces fertilisants sont fabriqués à partir d’ammoniac, lui même produit à 80% à partir de… gaz. Bingo, encore une dépendance aux énergies fossiles.
Résultat : les prix de certains engrais azotés ont été multipliés par 2, voire par 4 en quelques mois, ce qui déstabilise la filière. Le principal syndicat agricole (la FNSEA) s’en inquiète :
"Jusqu'en septembre, la hausse était raisonnable, mais aujourd'hui c'est de la folie."
Certains fabricants d’engrais ont même stoppé leur production provisoirement voyant leurs coûts de production s’envoler.
En plus de l’enjeu prix/dépendance, ces engrais émettent des quantités considérables de gaz à effet de serre.
En déroulant la pelote du gaz dans l’agriculture, on s’aperçoit qu’il est aussi utilisé pour sécher les céréales, ou pour chauffer les serres... Trois dépendances pour le prix d’une !
Là encore, hausse des prix et pénuries inquiètent les agriculteurs. En bout de chaîne, c’est la disponibilité et le coût de notre alimentation qui sont en jeu (vital bis).
Au-delà des bienfaits pour la santé et l’environnement, développer une agriculture sans intrants chimiques a le mérite de réduire notre dépendance aux énergies fossiles.
☂ (R)assuré ?
S’il y a bien un secteur économique qui doit suivre de près le dérèglement climatique, c’est bien celui de l’assurance.
En cas de catastrophes naturelles, les assureurs doivent sortir le carnet de chèque pour indemniser leurs assurés. En 2015, le PDG d’AXA de l’époque, Henri de Castries avait d’ailleurs déclaré :
“Un monde plus chaud de 4 degrés sera impossible à assurer.”
En Californie, et depuis les méga-feux de 2018, les primes d’assurance ont bondi entre 300% et 500%. Certains assureurs refusent même de couvrir certaines zones. Il y aurait environ 350 000 californiens privés d’assurance dommage.
Quand le risque n’est plus risque mais devient une quasi certitude, le modèle ne fonctionne plus.
La semaine dernière, la Fédération Française de l’Assurance a publié une étude passionnante sur l’impact du changement climatique sur l’assurance en France en 2050. La modèle utilisé se base sur les scénarios du GIEC pour prévoir les sinistres liés aux catastrophes naturelles à venir.
Un chiffre est particulièrement marquant : en 2050, soit dans 28 petites années, le coût annuel des catastrophes naturelles en France aura doublé !
Le dérèglement climatique serait responsable à hauteur de 35% de ce surcoût, soit 24 milliards d’indemnisations supplémentaires d’ici 2050. Le reste provient principalement de l’augmentation de la valeur des biens assurés.
Ces chiffres ne concernent que les biens des particuliers et des entreprises. Ils n’intègrent pas les pertes des récoltes agricoles.
Parmi les catastrophes naturelles modélisées (sécheresses, inondations, submersions, tempêtes), la sécheresse est de très loin le risque le plus coûteux.
La sécheresse génère le phénomène de subsidence : les sous-sols se déforment sous l’effet du manque de précipitations et des hautes températures provoquant des dommages sur les bâtiments. Les terres argileuses sont particulièrement concernées.
Dommage que le pompier soit aussi pyromane en continuant d’assurer et de financer “l’expansion pétro-gazière”, comme le dénonce régulièrement Reclaim Finance.
📱 Bonus : le retour de la 5G
Rappelez-vous le débat sur la 5G. Les promoteurs nous vantaient le caractère indispensable de ce “progrès technique”. Nous allions bénéficier de smart cities avec des smart bidules. Et puis l’argument ultime : il y aurait des usages révolutionnaires pour la médecine.
La nouvelle campagne publicitaire de Free s'intitule : la 5G, au prix de ce que vous en faites vraiment…
Spoiler : ça ne révolutionne pas la médecine…
Ou encore…
Tout comme Free, on avait (déjà) tout compris.
🎉 Le vrac des Good News
C’est reparti pour le train des primeurs entre Perpignan et Rungis. Cette ligne de fret qui assure le transport de fruits et légumes avait été supprimée en 2019.
La future coalition en Allemagne serait sur le point d’avancer de 5 ans l’interdiction à la vente des véhicules neufs à moteur thermique. L’interdiction pourrait intervenir dès 2030.
Pas de good news en provenance de la COP26 ! Il y a pourtant des annonces intéressantes (contre la déforestation, pour réduire le méthane…)
Mais quand on voit que le Brésil signe l’accord contre la déforestation, on se dit que celui qui résume le mieux la situation est l’humoriste Thomas VDB :
“La COP26 c’est un peu le 31 décembre des chefs d’État : ils se rassemblent, ils sont contents, et ils prennent des super résolutions qu’ils tiennent environ… deux semaines”.
On attendra donc quelques actes avant de relayer les annonces de la COP26 dans cette rubrique.
Le chiffre : paroles et paroles et paroles…
La promesse date de la conférence climat de Copenhague de 2009. Les pays du Nord s’étaient engagés à verser 100 milliards de dollars par an aux pays du Sud pour financer des mesures d’atténuation et d’adaptation au changement climatique.
Le chiffre n’a jamais été atteint en 10 ans. En 2019, seuls 79 milliards ont été versés. Ils sont dirigés vers la baisse des émissions alors qu’ils devaient se répartir à égalité entre atténuation et adaptation. Le compte n’y est pas.
Un enjeu de solidarité et de justice : ce sont les pays du Nord qui ont historiquement émis les gaz à effet de serre et c’est en premier les pays du Sud qui en subissent les conséquences.
Cette visualisation est éloquente. En cumulé, la France a émis quasiment autant que toute l’Afrique. L’Allemagne, davantage que toute l’Amérique Latine !
Ce sujet de tension extrême entre Nord et Sud met en péril la COP26.
Un chiffre donné par l’Express met en perspective ce que représentent ces 100 milliards : les énergies fossiles ont reçu plus de 500 milliards de subventions étatiques par an entre 2017 et 2019… Affligeant !
📣 Les faiseurs : Mia Mottley
En écho au chiffre ci-dessus, regardez les 8 minutes du discours de Mia Mottley, la première ministre de la Barbade.
On est saisi par la précision et l’intensité du propos.
Ce discours contient une phrase qui restera peut-être dans l’histoire. Une phrase qui concrétise ce que les degrés de réchauffement signifient réellement :
“1.5°C, c’est ce dont on a besoin pour survivre. 2°C, est une condamnation à mort pour les habitants d’Antigua-et-Barbuda, des Maldives, des îles dominicaines et Fidji, du Kenya et du Mozambique."
🚊 Greenwashing : magique
Alors celui-ci est assez merveilleux ! Je crois qu’il fait une entrée fracassante dans mon TOP 5.
Dans une petite vidéo promotionnelle dont elle a le secret, la Chine vante les mérites de ses nouveaux trains à hydrogène…
L’occasion de rappeler que l’hydrogène n’est pas une source d’énergie. Il n’est un vecteur d’énergie et s’obtient à partir d’énergies fossiles ou par électrolyse de l’eau (avec de l’électricité).
Que ce soit l’un ou l’autre, rien ne va pour la Chine qui produit son électricité à partir d’énergies fossiles (principalement le charbon). La boucle est bouclée.
Le greenwashing atteint un niveau stratosphérique lorsqu’on regarde la petite vidéo et qu’on s’aperçoit que ce magnifique train tout bleu à hydrogène transporte… du charbon ! CQFD.
📊 La ressource : limpide
Les degrés de réchauffement, les accords internationaux, les promesses des pays, les budgets carbone, beaucoup de termes techniques employés pour décrire ce qui se joue. On a parfois du mal à faire du lien entre tous ces thèmes abordés souvent séparément.
Ce graphique a l’immense mérite d’offrir une visualisation très claire de là où nous en sommes et de ce qui nous attend :
Les quantités de gaz à effet de serre déjà émis et le budget carbone restant pour contenir le réchauffement
L’élévation de température depuis 120 ans (avec les dégradés de couleur par année)
Les différents scénarios devant nous et leurs implications en termes de températures
Un graphique à la fois très riche et synthétique très utile pour y voir plus clair !
🔫 Le dessin de presse : game over
Sondage de la semaine dernière :
Parler d'un objectif intermédiaire de 8 tonnes de CO2e en 2025 pour fédérer le plus largement possible :
60% : Oui, il faut embarquer tout le monde.
10% : Je suis partagé
30% : Non ce n’est pas à la hauteur de l’urgence climatique.
Donnons de l’écho aux sujets environnementaux. Partageons ce Pas de Côté!
Si vous êtes arrivé là par hasard, inscrivez-vous pour recevoir Pas de Côté dimanche prochain.