⚡ Lumineux
Sortons les cotillons, les énergies renouvelables (ENR) se développent plus vite que jamais !
Sortons le champagne, la part des ENR dans le mix électrique mondial est passée de 20% à 28% entre 2011 et 2021 ! Cette progression fait passer la proportion d’énergies fossiles de 68% à 62% !
Oui, mais c’est hélas plus compliqué que ça…
Le problème, c’est que dans le même temps (entre 2011 et 2021), la production d’électricité a augmenté de 27%…
Et donc, même si la part des énergies fossiles dans le mix électrique a baissé de 6 points en 10 ans, leur utilisation pour produire de l’électricité a progressé de 16% en valeur absolue.
Moralité : on est en train de courir sur un tapis roulant qui accélère encore plus vite et nous fait en réalité reculer. Et si on faisait ralentir le tapis roulant ? #sobriété.
Ces chiffres sont issus d’un post Linkedin de Greg De Temmerman qui a brillamment synthétisé le Renewables 2022 Global Status Report. Greg De Temmerman est l’auteur du livre Chroniques énergétiques, dont nous nous avons déjà parlé.
NB1 : je ne ferai pas l’offense de rappeler au lecteur éclairé de 345PPM que l’énergie ne se limite pas à l’électricité.
NB2 : ma femme va encore me dire qu’il y a trop de chiffres. Désolé.
⌛ Adaptation
Si la lutte pour atténuer les effets du changement climatique n’est pas gagnée, sommes-nous au moins en train de nous adapter en nous préparant aux conséquences qui viennent ?
Raté.
C’est en tout cas ce que révèle le rapport publié pour la France cette semaine par le think tank I4CE et analysé par Les Echos.
Soyons directs, rien ne va :
“Les infrastructures, les bâtiments ou les littoraux ne sont pas prêts pour affronter la multiplication des canicules ou la montée du niveau de la mer”.
Les plans actuels ne sont pas à la hauteur et on se met en mouvement davantage en “réagissant qu’en anticipant”.
Prenons un exemple concret avec l’épisode de gel tardif qui a touché les agriculteurs. 1 milliard d’euros ont été débloqués en urgence pour indemniser mais très peu a été fait pour repenser structurellement les systèmes agricoles. Idem avec la sécheresse.
Que devrions-nous faire ?
Le think tank recommande des investissements supplémentaires de 2,3 milliards d’euros par an pour “adapter les bâtiments à des vagues de chaleur plus longues, renforcer la robustesse des infrastructures de transport et d'énergie, transformer les systèmes agricoles, diversifier les économies de montagne, ou encore « recomposer » les littoraux exposés à la montée de la mer”…
Ne pas anticiper est une stratégie perdant-perdant comme l’explique I4CE :
« Si on ne met pas les budgets qu'il faut sur la prévention, le coût de réparation des dommages sera beaucoup plus important dans le futur.”
🎉 Le vrac des Good News
En 10 ans, le nombre d’étudiants qui suivent une formation en lien avec l’environnement en France a doublé ! Ils sont 110 000 à avoir réalisé en 2020 une dernière année d’étude sur le sujet.
Des votes importants ont eu lieu cette semaine au Parlement européen. Des compromis ont été trouvés pour avancer après l’échec du vote début juin. Voici les principales décisions votées :
arrêt (très) progressif des quotas carbone donnés gratuitement aux entreprises
extension du dispositif des quotas carbone aux secteurs jusque-là épargnés (aviation, transport maritime, poids lourds et immeubles de bureaux)
création d’un fonds social pour le climat afin d’accompagner la transition des ménages les plus modestes
instauration d’un mécanisme de taxe carbone aux frontières
Attention, aucune de ces décisions n’est réellement “définitive”. La balle est désormais dans le camp des 27 ministres de l’environnement.
🌳 Le chiffre : ça fait beaucoup
Si nous avions planté des arbres pour compenser les émissions de CO2 de la France depuis 1990, 100% du territoire métropolitain serait recouvert de forêts. #Oups.
Chaque semaine, Gauthier Avril nous régale sur Linkedin avec ses ordres de grandeur.
Il est souvent difficile d’expliquer en quelques secondes toutes les limites de la compensation carbone. Grâce à cet ordre de grandeur, l’absurdité du principe, tel qu’il est utilisé aujourd’hui, saute aux yeux.
Profitons-en pour rappeler la Stratégie Nationale Bas Carbone de la France :
On le voit nettement sur le graphique. Ce qu’on prévoit potentiellement “d’absorber” en 2050 pour la neutralité carbone du pays, c’est le reliquat d’émissions incompressibles. La dernière collection Zara, Shein ou H&M ne rentre pas dans cette catégorie…
J’accepterai de parler “compensation carbone” avec un client le jour où il aura déployé l’ensemble de ses actions possibles de réduction d’émissions.
Spoiler : j’ai quelques années devant moi…
🎖️ Les faiseurs : ramener la coupe à la maison
Je vais vous raconter l’histoire de Gustav Martner. L’histoire d’un repenti.
Gustav Martner a été un publicitaire de talent. Pendant des années, l’agence qu’il dirigeait a imaginé des spots de publicité pour de grandes entreprises.
Un talent salué par la profession. Gustav Martner a reçu plusieurs récompenses au Festival international de la pub : les Cannes Lions. Une consécration pour tout publicitaire. Le publicitaire est même devenu par la suite membre du jury.
Et puis la prise de conscience. En 2006, Gustav Martner est bousculé dans ses certitudes par le film d’Al Gore : Une vérité qui dérange.
Dans un premier temps, il tente de changer le système de l’intérieur en travaillant pour des entreprises qui semblent plus vertueuses. En vain, car il finit par se rendre compte que le greenwashing n’est jamais bien loin.
Alors la semaine dernière Gustav Martner a décidé de réaliser un coup d’éclat.
Le publicitaire devenu activiste a fait irruption sur scène lors de la cérémonie des Cannes Lions pour rendre ses prix et réveiller la profession. Il a pointé la très lourde responsabilité de ce métier dans l’absence de transition :
“Le rapport du GIEC a clairement dénoncé les méthodes de l’industrie fossile et affirmé qu’elle bloquait l’action climatique grâce à la publicité et aux relations publiques. Les agences de publicité sont donc complices”.
Depuis l’Accord de Paris, les Cannes Lions ont distribué au moins “300 prix à des campagnes publicitaires promouvant le greenwashing de majors pétrolières et gazières, les voyages en avion, les SUV…”
Et Gustav Martner de conclure :
“Je suis ici pour dire qu’il n’y a pas de créativité sur une planète morte”.
🚢 Greenwashing : vert-ige
Est-il bien nécessaire d’ajouter un commentaire à cette image ?
Inauguré l’an dernier, l’Ever Ace est le plus grand porte-conteneurs au monde. Avec ses 400 mètres de long et ses 62 mètres de large, il peut transporter jusqu’à 24 000 containers.
Au-delà de l’impact direct du bateau (sa production et sa consommation), c’est surtout sa raison d’être qui interpelle. On continue donc d’imaginer des modes de consommation débridée avec des produits fabriqués à l’autre bout du monde.
On aura beau les peindre en vert clair, vert foncé, vert pastel ou vert fluo, ça ne sera toujours pas en adéquation avec les limites planétaires.
🧊 La ressource : glaçant
33 secondes pour visualiser 40 ans de fonte de l’Arctique.
Cette vidéo a le mérite d’être simple et efficace pour rendre compte de la brutalité du changement en cours.
Les conséquences du changement climatique sont là, sous nos yeux, et nous continuons collectivement de regarder ailleurs.