Birkenstock et mauvais pinard
Avec « Pas de côté », on vous propose de sortir du flux et de prendre 10 minutes chaque semaine pour revenir sur l’enjeu de tous les enjeux : l’écologie
Bonne lecture 💚
Pas très Deutsche Qualität la rénovation thermique allemande
Le logement, c'est 1/3 des émissions de gaz à effet de serre de l’Allemagne. Plein de bonne volonté, le pays des Birkenstock a investi 370 milliards en dix ans pour en finir avec ses passoires thermiques... pour un résultat inexistant, ni sur le CO2 ni sur la conso des ménages. Pourquoi ?
"L’effet rebond" en cause : malgré des habitations mieux isolées, les allemands ont profité des prix bas des énergies fossiles (en baisse depuis 2013) pour augmenter leur niveau de confort (en chauffant à 22° au lieu de 20° par ex.)
Des rénovations menées aveuglément se sont révélées contreproductives (ex. l'isolation des façades exposées plein sud empêchant le réchauffement naturel par le soleil)
Le concept d'effet rebond est né au XIXème lorsque Watt inventa une locomotive moins gourmande en charbon. Au lieu de faire basser la consommation, cette innovation d'efficacité énergétique a permis l'essor du train et a démultiplié la consommation de charbon.
Un argument massue contre tous les solucionnistes qui croient que le progès technique résoudra tous nos maux.
Et si la hype de l'hydrogène était surfaite ?
Plan hydrogène, tout hydrogène... l'hydrogène nous est présenté comme l'énergie verte miraculeuse capable de tout résoudre sans rien changer à notre mode de vie.
Jean Marc Jancovici remet les pendules à l'heure :
L'hydrogène n'est pas une énergie primaire. Il faut utiliser de l'énergie pour le transformer en énergie...
Son stockage et son transport sont techniquement compliqués
La quasi totalité de l'hydrogène est produit en utilisant de l'énergie fossile. Le CO2 n'est pas émis par notre moteur de voiture, mais au moment de la production de l'hydrogène. Zéro gain d'émission.
Comme pour les chasseurs, il y a le bon hydrogène et le mauvais hydrogène...
Pour un hydrogène vert, "il faut électrolyser de l’eau avec de l’électricité bas carbone". Mais pour cela, il faut beaucoup d'électricité (environ le double de notre production actuelle pour imaginer remplacer le carburant de nos transports).
Un ordre de grandeur qui paraît irréaliste lorsqu'on décide en même temps de réduire le nucléaire (pourtant bas carbone) qui produit 70% de notre électricité.
Chaud devant
Le drame qui s’est joué récemment dans les Alpes Maritimes est-il une manifestation d’un dérèglement climatique en cours ? Certainement impossible à dire.
Pourtant, quand on le met en perspective avec les températures « records » du mois de Septembre (le plus chaud enregistré dans le monde depuis que les mesures existent), les incendies (Australie / Brésil / Californie) ou
l’ouragan Delta (le plus intense jamais enregistré, là aussi), les termes «exceptionnel » ou « historique » ne semblent plus appropriés.
Quelle réflexion tirer de tout ceci ?
Nos sociétés sont d'une immense fragilité. Aucune 5G, aucune technologie n’est efficace face au déchaînement des éléments. Nos aménagements n'ont jamais été pensés pour tenir et nos pratiques (artificialisation des sols, méthodes agricoles intensives, urbanisation…) aggravent la situation.
La France ne sera pas épargnée : d’après l'Indice mondial des risques climatiques réalisé par l'association Germanwatch, notre pays se classe au 15e rang des 183 pays les plus à risques. Plutôt que de reconstruire à l'identique, espérons que nos représentants aient le courage politique de privilégier la résilience de nos territoires.
Le chiffre
C'est le % des établissements d'enseignement supérieurs (école d'ingé, de commerce, faculté, étude pour hauts fonctionnaires) qui intègrent un cours obligatoire sur les enjeux énergie-climat ! (en 2019)
Il parait inconcevable de laisser sortir des étudiants d'un cursus supérieur sans aborder cette réflexion qui doit infuser dans chaque métier de demain.
Source : The Shift Project
Les faiseurs : Le référendum pour les animaux
Certains écrivent des newsletters… d’autres agissent concrètement
Les associations de défense des animaux les plus reconnues se mobilisent pour engranger les soutiens. L'enjeu, c'est d'obtenir 4,7M€ de signatures de particuliers et l'adhésion de 185 parlementaires pour que la proposition de loi ci-dessous soit soumise au référendum :
Interdiction de l'élevage en cage
Interdiction des élevages à fourrure
En finir avec l'élevage intensif
Interdiction de la chasse à courre, et des chasses dites traditionnelles
Interdiction des spectacles avec animaux sauvage
Fin de l'expérimentation animale
Voici les 6 mesures qui figurent dans le projet de loi. La mobilisation est considérable avec déjà plus de 815 000 signataires et 142 parlementaires.
Pour rejoindre le combat, c'est ici :
Alerte greenwashing
Art pour une entreprise polluante de se foutre du monde en se faisant passer pour écologiquement vertueuse...
Ce logo (Haute Valeur Environnementale - HVE) se répand aussi vite que le glyphosathe dans les nappes phréatiques. En janvier 2020, 5399 exploitations pouvaient l'apposer sur ses produits. Il est principalement utilisé par la filière viticole.
Ils auraient tort de s'en priver, c'est quand même hyper pratique un label officiel du ministère de l'environnement, qui rassure le consommateur... et qui n'interdit pas l'usage des pesticides.
On est ici en plein Greenwashing : donner l'impression d'être écologiquement vertueux tout en continuant à détruire la planète en toute tranquilité.
L'association Alerte aux Toxiques a fait analyser 22 bouteilles HVE. Le résultat est sans appel :
28 substances actives (résidus de pesticides) différentes détectées
une moyenne de 8 substances par bouteille
50% des bouteilles avec un résidu CMR, c'est à dire cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction
Pour noyer notre chagrin, il faut se tourner vers les vins labellisés "Bio" ou "Biodynamie" garantis sans pesticides.
La ressource
Livre, vidéo, article, podcast...une ressource pour inspirer et s’inspirer !
La ressource de cette semaine est riche, renouvelable et incroyablement instructive.
Il s'agit du compte Linkedin de Juliette Nouel, journaliste spécialisée sur les sujets environnementaux.
Juliette Nouel decrypte, pour l'intérêt commun, des rapports, des publications et les restitue avec pédagogie.
Des mots justes pour comprendre simplement des thèmes pourtant complexes.
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