👍🏼 Look up
“Tout est théoriquement impossible jusqu’à ce que ce soit fait”.
Cette citation issue du fameux Don’t look up pourrait bien s’appliquer à ce qui se passe actuellement aux Pays-Bas.
Deux mesures jugées impossibles par les défenseurs du statut quo viennent d’être prises :
Baisse du trafic aérien :
Le gouvernement néerlandais vient d’annoncer une limitation du nombre de vols pour l'aéroport Amsterdam-Schiphol. Il s’agit du 3ème aéroport le plus important d’Europe.
L’aéroport avait accueilli jusqu’à 500 000 vols par an avant la pandémie. Le nouveau plafond sera de 440 000. Une décision pour le climat et pour la vie des habitants de la zone aéroportuaire.
La décision n’est pas dogmatique. Différentes études (celle-ci ou celle-là) montrent qu’il n’est pas possible d’atteindre les objectifs climatiques du secteur sans une réduction du trafic, et ce même en prenant des hypothèses très volontaristes d’amélioration technique.
Baisse des émissions d’azote :
Le gouvernement néerlandais a annoncé début juin un plan pour réduire de moitié les émissions d’azote d’ici 2030, c’est à dire en 7 ans et demi. Radical !
Le pays de 17 millions d’habitants compte “4 millions de bovins, 12 millions de porcs et 100 millions de poulets.” Le plan du gouvernement implique une baisse du cheptel de 30% d’ici 2030.
Le gouvernement a prévu une enveloppe de 24 milliards pour déployer ce plan et accompagner les agriculteurs, ce qui ne suffit pas à calmer la colère du secteur.
La tension dans le pays est extrême : les agriculteurs manifestent et bloquent. Des rayons de supermarchés commencent à se vider. Les affrontements avec la police sont violents et des coups de feu ont été tiré mardi sans faire de blessés.
La transition aurait été beaucoup plus douce et progressive si elle avait démarré il y a 30 ans. L’immobilisme d’hier nous oblige à des plans drastiques aujourd’hui.
🎉 Le vrac des Good News
Le département de la Drôme décide d’en finir avec les canons à neige. Une mesure prise pour économiser l’eau et anticiper la reconversion des massifs où le secteur des sports d’hiver est menacé par le réchauffement climatique.
Succès pour la convention des entreprises pour le climat (CEC) qui présente des mesures concrètes et contraignantes pour lutter contre le réchauffement climatique. Après 1 an de travail, les dirigeantes et dirigeants présenteront au gouvernement les résultats de leurs travaux à la rentrée.
🤓 Le chiffre : good news (bis)
C’est le numéro du décret paru cette semaine au journal officiel précisant les nouvelles obligations des entreprises en matière de bilan carbone règlementaire.
C’est pas l’actu la plus sexy de l’année, mais elle va clairement dans le bon sens.
Que dit ce décret ?
Et bien qu’une entreprise soumise à l’obligation de réaliser un bilan carbone (c’est à dire de plus de 500 salariés) ne pourra plus se contenter d’une version ultra minimaliste de l’exercice.
Le fameux Scope 3 n’est plus une option pour les bons élèves, il devient la règle.
L’entreprise devra considérer toutes ses émissions directes et indirectes.
Le décret ne se limite pas à la simple mesure de l’empreinte carbone. Il oblige aussi les entreprises à établir un vrai plan de transition pour décarboner ses activités.
Voilà un excellent signal envoyé dont se félicite l’ADEME :
“Un grand pas dans l'avancée de nos réglementations pour la lutte contre le changement climatique !”
🐦 Les faiseurs : cui-cui
Le “faiseur” de la semaine est une ville : Berlin.
Dans un magnifique reportage, Reporterre nous montre ce qu’a mis en place la ville pour protéger la biodiversité et faire revenir les oiseaux au cœur de la ville.
Mention spéciale aux photos de Stefanie Loos qui subliment le reportage.
Alors que les populations d’oiseaux déclinent dans les autres grandes villes européennes, on peut désormais admirer à Berlin “grives, étourneaux sansonnets, pinsons, corneilles noires, merles, mésanges ou geais des chênes.”
La recette paraît pourtant simple : création de zones végétales, interdiction des herbicides, périodes d’interdiction de taille des haies, installation de nichoirs, zones réservées aux oiseaux…
Ces mesures s’accompagnent d’ateliers pédagogiques pour sensibiliser la population à la protection du vivant.
Quand on veut, on peut.
🎮 Greenwashing : Z EVENT
Rébellion avant Z EVENT 2022 sur fond de greenwashing !
Note pour les plus de 40 ans : Z EVENT, c’est le marathon caritatif du monde des streamers de jeux vidéos. Des fonds sont collectés pendant les 50 heures de stream sur Twitch au profit d’une association différente chaque année.
L’an dernier, l’évènement a rassemblé jusqu’à 700 000 personnes connectées simultanément pour 10 millions de dons.
Cette année, c’est l’association GoodPlanet de Yann-Arthus Bertrand qui a été choisie par les organisateurs. Et ça ne passe pas du tout.
Des streamers dénoncent le greenwashing de l’association et ont décidé de boycotter l’évènement. Ils reprochent notamment à GoodPlanet leurs partenaires comme TotalEnergies ou BNPParibas.
Les prises de positions de Yann-Arthus Bertrand (YAB) sont aussi largement critiquées. L’occasion pour moi d’apprendre que le Président de GoodPlanet a officiellement soutenu l’organisation de la coupe du monde au Qatar en échange de financements pour son film Home.
Yann-Arthus Bertrand a depuis fait son mea culpa.
💡 La ressource : sobriété
“Ce n’est pas en baissant d’un degré la température de mon logement qu’on va sauver le climat !”
Qui n’a jamais entendu ce genre d’arguments de démobilisation individuelle face à l’ampleur collective du défi ?
Nous sommes en 1977 et un exercice de pédagogie est organisé à la télévision devant des millions de Français. Le présentateur invite les téléspectateurs à éteindre les lumières non-indispensables et montre en direct l’impact sur la consommation d’électricité du pays.
Une manière ultra concrète de montrer que la somme des gestes individuels produit bien un impact à l’échelle du pays.
Eteindre les lumières n’est pas le geste le plus impactant aujourd’hui. On pourrait en revanche imaginer le même exercice de pédagogie en baissant en même temps le chauffage d’un degré pour constater l’impact sur la conso de gaz et/ou d’électricité.