😀 Du concret !
Il y a quelques mois, l’Europe annonçait son objectif de réduction de gaz à effet de serre : -55% d’ici 2030 (versus 1990).
Ce mercredi, nous sommes passés des paroles aux actes avec le plan “fit for 55”.
Ursula von der Leyen , la Présidente de la Commission a décliné une feuille de route concrète et ambitieuse, dont voici les principales mesures :
Fin des ventes de voitures neuves à moteur thermique en 2035 (voitures hybrides comprises). C’est clair et net.
Plan massif pour équiper les routes européennes de bornes de recharges (électricité et hydrogène). Objectif de 3,5 millions de points de recharge dès 2030.
Taxe sur le kérozène dès 2023, avec augmentation progressive pendant 10 ans pour les vols européens et fin progressive des quotas de CO2 gratuits pour le secteur.
Réforme du marché du carbone en élargissant son périmètre d’application au transport maritime dès 2023, au transport routier et au chauffage des bâtiments dès 2026. La réforme vise aussi à réduire significativement les quotas distribués gratuitement pour faire monter le prix de la tonne de carbone.
Fixation d’un objectif d’augmentation des puits de carbone et plan pour planter 3 milliards d’arbres capables de résister au changement climatique d’ici 2030.
A quoi reconnaît-on l’ambition des annonces ? Aux réactions catastrophistes des industriels des secteurs concernés qui se lamentent sur la brutalité et la rapidité des mesures.
L'Association internationale du transport aérien (IATA) a déclaré en réaction aux annonces :
“L'aviation est engagée sur la voie de la décarbonation et n'a pas besoin de mesures punitives comme les taxes pour changer”.
“En fait, les taxes siphonnent l'argent de l'industrie qui pourrait soutenir les investissements visant à réduire les émissions du secteur”.
Coté automobile, même son de cloche d’un représentant de la profession :
“Il y a une vraie inquiétude en France sur ces mesures qui sont un peu extrêmes. Dans le pire des cas, on a un risque sur 150 000 emplois en France”.
C’est pas comme si ça faisait des années que les scientifiques pointent l’urgence climatique et exhortent le monde économique à réaliser sa transition.
Attention, rien n’est encore gagné. Les 27 Etats vont désormais s’écharper pendant 1 an sur ces propositions avant d’espérer une application effective. #BonCourage
👨🌾 Un mythe s’effondre
Des années qu’on entend que l’agriculture intensive est indispensable pour nourrir des milliards d’êtres humains. Il faudrait presque remercier Monsanto & co pour leurs semences et leurs fertilisants magiques.
Une étude scientifique robuste (peer review), relayée par Reporterre, vient de démontrer que l’Europe peut se nourrir exclusivement de bio et de local en 2050, le tout produit dans des exploitations à taille humaine.
Pour y arriver, les chercheurs ont identifié 3 conditions à réunir :
Réduire significativement notre consommation de protéines animales. Aujourd’hui, 80% de la production agricole est destinée à nourrir le bétail. Si nous mangeons moins de viande et de fromage, nous n’aurons pas besoin de produire de façon aussi intensive.
Réunir élevage et culture dans les mêmes zones géographiques. Le fumier naturellement produit par les animaux permet de supprimer les engrais azotés. Cela parait tout bête, mais à date, nous avons de grandes régions très spécialisées. Les cultures de céréales d’Ile de France ne bénéficient pas du fumier issu de l’élevage en Bretagne.
Enfin, les chercheurs invitent à organiser une rotation dans les cultures pour enrichir les sols et gagner en résilience contre les parasites.
Les changements requis pour se nourrir exclusivement de bio et de local en 2050 ne sont évidemment pas simples à réaliser. Cela dit, on sait désormais que c’est possible ! #UtopieRéaliste
🎉 Le vrac des Good News
Ce n’est plus une loi, c’est une série Netflix.
Alors que les désaccords entre Sénat et Assemblée Nationale semblaient irréconciliables (les lignes rouges avaient été franchies selon Barbara Pompili), les deux chambres ont réussi à trouver un accord. Il est intervenu à la surprise générale en commission mixte dans la nuit du 12 juillet !
Cette fois, c’est quasi sûr, nous aurons une loi Climat et Résilience. Le projet devrait être adopté cet été.
Une petite loi mais une loi quand même qui pourra servir de point de départ pour aller plus loin, plus vite, plus fort.
🦄 Le chiffre : “désensauvagement”
C’est la part (en masse) que représentait la faune sauvage parmi l’ensemble des vertébrés à la surface de la Terre il y a 10 000 ans. Les humains représentaient les 3% restants.
Qu’en est-il aujourd’hui, 10 000 ans plus tard ?
Les animaux domestiques (= le bétail) pèsent pour 85% de la masse des vertébrés. Les humains représentent désormais 13%, tandis que la faune sauvage est réduite à néant en ne pesant plus que 2%.
Une approche chiffrée, utilisée par les courants d’écologie scientifique, qui a le mérite de la clarté et de la simplicité.
Le poids de la faune sauvage est donc passée de 97% à 2% en 10 000 ans.
Des chiffres qui montrent à quel point nous avons asservi la nature et ses habitants en y imposant notre domination utilitaire et anthropocentrée.
Ils sont issus de l’excellent livre de Baptiste Morizot : “Raviver les braises du vivant”.
🌳 Les faiseurs :
Continuons avec Baptiste Morizot et notre rapport au sauvage. “Raviver les braises du vivant” met en avant l’action inspirante de Vercors Vie Sauvage.
L’Association pour la Protection des Animaux Sauvages et Forêts Sauvages (APSAS) mène le combat pour défendre des forêts en “libre évolution”.
Cette action s’inscrit en opposition aux forêts gérées activement dans lesquelles on aménage, on coupe, on entretient pour “conserver”.
Vercors Vie Sauvage, c’est l’idée d’une forêt dans laquelle on laisse la nature reprendre ses droits. Un forêt plus diverse, plus vivante, plus résiliente. Cette ambition, cette philosophie porte un nom : la féralité.
Gilbert Cochet utilise l’image du coureur :
“Laisser une forêt en libre évolution, c’est comme délier les jambes d’un athlète, il se met à courir”.
Il ne s’agit pas de “mettre la nature sous cloche” en y excluant les humains. Ils sont les bienvenus dans ce lieu ouvert tant qu’ils y respectent la vie. Non pas en tant qu’humain, mais en tant que vivant parmi les vivants.
Ironie de l’histoire, l’APSAS détourne un mécanisme habituellement davantage utilisé pour détruire l’environnement : la propriété privée… En menant des campagnes de financement participatif, elle réunit les fonds pour acquérir les parcelles et “en jouir de manière absolue” comme le prévoit le code civil...
Baptiste Morizot qualifie ce détournement “d’infiltration à visage découvert” : “posséder pour rendre”.
🚭 Greenwashing : Ferons-nous mieux un jour ?
On a déjà tutoyé les sommets du foutage de gueule dans cette rubrique avec le pétrole neutre en carbone. On se dit qu’il sera difficile de faire pire et puis…
Depuis la loi PACTE, les entreprises, dont l’objectif ne se limite pas au profit, peuvent se doter dans leurs statuts d’une “raison d’être”.
Une manière symbolique mais puissante d’ancrer des objectifs sociétaux ou environnementaux dans la stratégie de l’organisation.
Danone a été la première entreprise du CAC 40 à se doter d’une “raison d’être”, ce qui n’a pas franchement réussi à son PDG, Emmanuel Faber.
Dévoilons sans plus attendre la “raison d’être” choisie par le cigarettier Philip Morris qui a vendu 813 milliards de cigarettes en 2016 : "se mobiliser et innover pour permettre aux fumeurs adultes d’arrêter la cigarette en faisant de meilleurs choix".
Vous avez bien lu. De quoi s’étouffer même sans inhaler de fumée.
Tentons une idée “disruptive” pour garantir le succès de leur raison d’être : et si vous arrêtiez de vendre des cigarettes ?
🌡 Ressource : à l’œil nu
Vous avez dit réchauffement ?
Pas besoin de beaucoup de commentaires tant cette ressource du chercheur Ed Hawkins (relayée par Greg De Temmerman) est parlante.
Les traits rouges sont les objectifs de l’Accord de Paris à ne pas dépasser en 2100. Nous sommes en juillet 2021 et on s’en rapproche déjà dangereusement.
Vous avez apprécié ce Pas de Côté ? Partagez le !
Si vous êtes arrivé là par hasard, inscrivez-vous pour recevoir Pas de Côté dimanche prochain.