📈 Doit mieux faire
Pendant que certains s’écharpent sur les cols roulés, la réalité brute des chiffres vient de tomber cette semaine.
Et “les calculs sont pas bons Kevin” !
Les émissions nationales de gaz à effet de serre en France n’ont baissé que de 0,6% sur le premier semestre 2021.
Précision utile de périmètre : à la différence de l’empreinte carbone, les émissions nationales n’intègrent pas les émissions importées.
Une quasi stabilité bien en-deçà de ce que prévoit la stratégie nationale bas carbone pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris.
En regardant secteur par secteur, on observe des résultats très contrastés :
+7% pour le premier poste : les transports. C’est très très mauvais.
-13% pour le résidentiel / tertiaire
Les chiffres viennent de sortir et il n’y a pas encore d’explications claires sur les causes des variations sectorielles. Cela dit, pour comprendre les enjeux de chaque secteurs et les solutions à mettre en place, la ressource de la semaine devrait vous intéresser.
Un chose est certaine : si on veut vraiment diviser par 5 nos émissions d’ici 2050, il va falloir changer de braquet de toute urgence.
🏃🏼 Vitesse ou précipitation ?
Changer de braquet, mais comment et à quel prix ?
C’est là que ça devient compliqué. Illustration avec un sujet parmi d’autres : notre production d’électricité.
Le gouvernement vient de prendre cette semaine des dispositions volontaristes pour lever des freins et accélérer sur le nucléaire et les énergies renouvelables.
Les mesures sont techniques : raccourcissement des délais d’instruction et de recours, augmentation des seuils nécessitant un examen environnemental, etc.
Ces mesures de simplification sont annoncées comme “temporaires” (pour 4 ans) pour accélérer le déploiement de moyens de production d’électricité bas carbone.
Reporterre, le média pionnier et spécialiste de l’écologie y consacre deux articles avec les titres suivants :
On entre donc, encore une fois, dans le dur de la conduite du changement.
Reporterre et des ONG pointent des risques légitimes liés à cet assouplissement des règles (notamment pour la biodiversité) et réclament un déploiement “sans régressions écologiques et démocratiques”.
Alors on fait quoi ?
”Vite mais peut-être mal” ou “bien mais peut-être lent” ? En toute transparence, je suis bien embêté pour répondre à la question !
Et vous, qu’en pensez-vous ? C’est le petit sondage de la semaine.
🎉 Le vrac des Good News
Une très belle nouvelle cette semaine : à l’occasion de la présentation du budget 2023, la France annonce la fin des crédits à l’export pour les énergies fossiles. “Une avancée décisive” pour Anna-Lena Rebaud, de l’ONG les Amis de la Terre.
Ces crédits à l’export étaient une sorte de garantie de l’Etat qui facilitait le financement des projets d’extraction, de transport et de stockage d’hydrocarbures.
Le Parlement européen prend une position ferme contre les projets très controversés de TOTAL en Ouganda en pointant les menaces pour l’environnement et les droits humains.
La transition énergétique s’opère sur le marché de l’emploi. Pour la première fois, selon l’Agence Internationale de l’Energie, les énergies décarbonées emploient davantage de salariés que les énergies fossiles.
🚴🏼♀️ Le chiffre : il en manque
C’est en millions d’euros le montant du plan vélo annoncé par le gouvernement cette semaine. Ce montant doit notamment permettre de développer les infrastructures cyclables.
Un chiffre qui aurait pu se retrouver dans la rubrique “Good News”… mais c’était sans compter sur Jean Marc Jancovici et ses fameux ordres de grandeurs.
JMJ a publié un post linkedin sur ce thème dans lequel il met en perspective cet investissement. On y apprend que 250 millions, c’est :
Le coût de construction de 40 km d’autoroute…
Le coût de construction de 10 km de tramway…
Bref, une goutte d’eau dans les “15 à 20 milliards d’euros investis par an dans les infrastructures de transport”.
Quand on relie la faiblesse de cet investissement vélo à l’augmentation des émissions du secteur des transports (+7% d’émissions sur le premier semestre 2022, cf ci-dessus), on se dit qu’on a un sérieux problème.
Et Jean Marc Jancovici d’enfoncer le clou avec cet ordre de grandeur non moins vertigineux :
“C'est assurément mieux que rien, et plus qu'avant. Mais pour un pays qui va voir 50% à 90% de son pétrole disparaître d'ici à 2050, ce ne peut être qu'un début.”
✈️ Les faiseurs : responsabilité
Si on m’avait dit qu’Augustin de Romanet serait un jour dans cette rubrique…
Augustin de Romanet, c’est le patron d’Aéroport de Paris (ADP). A priori, pas vraiment l’activiste climat le plus radical.
Il vient pourtant de réaliser deux sorties médiatiques qui forcent le respect.
Le 19 septembre, Augustin de Romanet avait fait passer deux puissants messages :
L’avion bas carbone ne sera pas prêt en 2035
Il va falloir “être raisonnable” et faire baisser le trafic en attendant une éventuelle solution techno bas carbone
J’avais accueilli cette déclaration avec étonnement, satisfaction, mais aussi avec un peu de méfiance.
Sauf qu’Augustin de Romanet vient de récidiver encore plus clairement ce vendredi 30 septembre sur l’antenne de FranceInfo.
Il appelle sans ambiguïté à la modération du trafic aérien :
"Il faut revendiquer un usage raisonnable."
Dans ce passage, il encourage même le recours au train :
Dans celui-ci, il suggère de troquer les courts séjours en avion contre 3 ou 4 voyages longue distance sur toute une vie.
Ces positions sont faciles à tenir quand on écrit une newsletter, elles le sont infiniment moins quand on est en responsabilités.
Bravo Augustin de Romanet !
🙈 Greenwashing : dissonance level 1000
Un bien beau partenariat annoncé ce vendredi par la COP27 qui va s’ouvrir en novembre prochain en Egypte.
Je veux bien qu’on fasse la transition avec les entreprises et non pas contre les entreprises. Mais quand même…
N’y a t-il pas meilleur “sponsor” pour la COP27 que le premier pollueur plastique au monde ? Si vous avez un doute, lisez cet article du Monde sur l’impact considérable de cette multinationale.
Deux chiffres si vous n’avez pas le temps : Coca Cola, c’est 3 millions de tonnes d’emballages plastiques par an, soit environ 108 milliards de bouteilles…
Last but not least. Le WWF estime que le coût pour la collectivité de la collecte, du tri, et du retraitement de ces déchets Coca-Cola est équivalent au chiffre d’affaires de la multinationale.
Privatiser les revenus, mutualiser les coûts pour la collectivité. Un bien beau sponsor.
🚨 La ressource : clair et net
Une ressource d’utilité publique avec la sortie cette semaine du rapport grand public du Haut Conseil pour le Climat. Son titre est particulièrement bien choisi : “dépasser les constats, mette en œuvre les solutions”.
Ce rapport dit les choses avec des mots choisis mais sans langue de bois. Il remet de la hauteur dans le débat et “challenge” l’efficacité des politiques publiques au regard des résultats obtenus.
Enfin, il s’engage en proposant des solutions à la hauteur des enjeux.
C’est rapide à lire et on y apprend des choses majeures quelque soit son niveau de maîtrise du sujet. Petit bonus : les illustrations sont magnifiques.
Une excellente ressource à lire et à relire.
✏️ Le dessin de presse
Résultat du dernier sondage :
Nous nous étions interrogés sur la manière la plus efficace d’opérer la transition avec la question : quelle est la meilleure stratégie pour opérer le changement de société ?