🕺🏼 Deux salles, deux ambiances
On commence très fort ce dimanche avec ce tweet du Secrétaire Général de l’ONU, Antonio Guterres qui met les pieds dans le plat en reliant directement croissance économique et destruction du vivant.
Un tweet qui raisonne en opposition frontale avec les déclaration de la Première Ministre Elisabeth Borne quelques jours plus tôt dans une interview donnée au magazine Le Point.
Voilà qui a le mérite d’être clair.
Pour aller plus loin sur ce sujet, je ne peux que vous conseiller l’excellent ouvrage d’Eloi Laurent : Sortir de la croissance. Mode d’emploi dans lequel il questionne (chiffres à l’appui) le bien-fondé de l’indicateur PIB et propose des alternatives enthousiasmantes autour de la mesure du bien-être, de la résilience et de la soutenabilité.
Petit extrait de sa pensée ici avec son intervention dans le film Animal de Cyril Dion. Un économiste qui parle d’Amour, what else ?
Deux salles, deux ambiances… mais une seule planète.
🚗 L’exception qui pourrit la règle
Le Parlement européen vient de voter la fin des ventes de voitures thermiques et hybrides neuves pour 2035. La voiture, c’est 20% de l’empreinte carbone annuelle d’un Français.
Une mesure radicale qui s’attaque frontalement aux émissions de nos déplacements. Great. (NB : ce texte n’est pas définitif et doit encore passer plusieurs étapes dans le processus législatif européen).
Il y a un petit “mais” qui porte le doux nom “d’amendement Ferrari”. Cet amendement prévoit de la souplesse et des dérogations pour les constructeurs qui vendent moins de 10 000 voitures par an.
Un amendement taillé sur mesure pour les constructeurs de luxe qui vendent peu d’unités.
L’eurodéputé EELV Marie Toussaint juge sévèrement cet amendement :
“Conservateurs et extrême droite sont prêts à tout pour protéger les privilèges des plus aisés. Au détriment de la justice sociale et de l’urgence écologique. [Cet amendement] est le symbole de l’injustice climatique”.
Les symboles, c’est important. Comment rendre la transition acceptable, voire désirable pour tous si quelques-uns continuent de s’en foutre impunément ? #LeMondeParallèleEpisode1
Les inégalités sont un poison pour la transition.
🎉 Le vrac des Good News
C’est parti pour l’éolien en mer. C’est fou, mais ça n’existait toujours pas en France. La première éolienne offshore vient de produire ses premiers mégawattheures. D’ici la fin de l’année, le parc offshore de Saint-Nazaire devrait produire l’équivalent de ce que consomment 700 000 personnes.
La semaine dernière, Le Monde faisait sa Une et son édito sur la sobriété avec une enquête de qualité sur le sujet. Si on déplore souvent le mauvais traitement médiatique des sujets “climat”, on peut se réjouir ici de sa place et du ton avec lequel il est abordé dans le quotidien national de référence.
🛫 Le chiffre : et pendant ce temps-là…
#LeMondeParallèleEpisode2
En seulement 1 mois, le jet privé de LVMH utilisé, a priori, par Bernard Arnaud a réalisé 18 trajet et a émis 176 tonnes de CO2. C’est l’équivalent de 17 ans d’émissions pour un Français dans la moyenne.
Un compte Instagram @laviondebernard s’amuse à suivre les trajets du jet F-GVMA. Le compte insta nous apprend par ailleurs que les jets privés représentent un vol sur dix au départ de la France et qu’ils voyagent à vide 40% du temps…
Est-ce que c’est un peu démago ? Peut-être. Mais allez dire ensuite aux Français de faire des efforts. Bon courage.
Les inégalités sont un poison pour la transition (bis).
✊🏼 Les faiseurs : lutte
La semaine dernière, Alizée s’attachait le cou au filet du central de Roland-Garros pour alerter sur l’urgence climatique.
Hier, des militants se sont collés la main sur le bitume pour bloquer le pont menant à la Défense et alerter sur l’urgence climatique.
Derrière ces deux actions, le même collectif appelé “Dernière Rénovation” . Leur revendication est simple :
“Que le gouvernement s’engage immédiatement à assurer la rénovation globale et performante du parc immobilier français d’ici 2040 et à élaborer un système de financement simple et progressif prenant en charge l’intégralité des travaux pour les propriétaires les plus modestes.“
Le contraste entre le caractère très “raisonnable” de la revendication et le mode d’action relativement “radical” interpelle.
Que pensez-vous de ces actions de désobéissance civile ? C’est le sondage de la semaine.
🚓 Greenwashing : bim
Une fois n’est pas coutume, le greenwashing de cette semaine n’aura pas été sans conséquence pour le greenwasher !
Novethic nous raconte la spectaculaire dégringolade de DWS, une filiale de la Deutsche Bank. Un vrai scandale digne d’une série Nextflix avec descente de police, chute du cours de bourse et démission instantanée du dirigeant.
Que s’est-il passé ?
DWS est un gestionnaire d’actifs auquel les autorités allemandes et américaines reprochent d’avoir gonflé la part “verte” de leur portefeuille d’actifs. Concrètement, ils ont abusivement classé des actifs en catégorie ESG (Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance) et ont ainsi trompé leurs clients.
Les autorités boursières ne plaisantent pas en la matière et DWS a vu débarquer à l’improviste cinquante policiers qui ont saisi documents et ordinateurs.
Profitons-en pour rappeler que la Finance Verte reste un Far West très peu encadré et donc très peu engageant.
La BAFin (l’autorité allemande) a d’ailleurs voulu profiter du scandale pour renforcer les spécifications des fonds durables. Elle vient d’y renoncer en raison “du contexte macro-économique lié à la guerre en Ukraine”. Soupir.
🎂 La ressource : shocking !
La ressource de la semaine est cet excellent tweet de James Murray déniché par Juliette Nouel.
D’une part, la folle accélération de la concentration en CO2 dans l’atmosphère en moins de 100 ans (ce que mesurent les ppm). Nous sommes donc passés de 305 ppm en 1926 (naissance de la Reine) à 407 ppm en 2018 (naissance de Louis).
D’autre part, un contraste saisissant entre la couverture médiatique du jubilé de la Reine et celle de nos sujets climatiques.
Heureux d’apprendre au passage que je suis plus jeune que Kate avec mes petits 345 PPM.
✏️ Le dessin de presse
Que dirons-nous à nos enfants dans quelques années ?