📉 Mention passable
L’inconvénient (pour l’État) d’avoir créé en 2018 un Haut Conseil pour le Climat (HCC) indépendant, c’est qu’il est… indépendant. Et quand le HCC donne des avis, ça déménage.
Il est composé d‘éminents spécialistes du climat. Pour les plus médiatiques, Laurence Tubiana, Valérie Masson-Delmotte, Corinne Le Quere ou encore Jean-Marc Jancovici. Son rôle est “d’apporter un éclairage indépendant sur la politique du gouvernement en matière de climat”.
Le dernier avis publié mercredi a pour objet d’évaluer le fameux projet de loi Climat et Résilience issu de la Convention Citoyenne pour le Climat (CCC). En résumé, le compte n’y est pas.
“La plupart des vingt et une mesures quantifiées par l’étude d’impact ont un effet potentiel limité sur le niveau des émissions, soit à cause de leur périmètre d’application restreint ou des délais allongés de mise en œuvre”.
“L’absence de mesures de résilience (seulement deux mesures ciblées sur l’adaptation) souligne que ce volet est extrêmement limité dans le projet de loi”.
Le HCC pointe aussi la faiblesse et l’opacité de l’étude d’impact qui chiffre l’efficacité des mesures.
Prochaine étape, présentation du projet de loi devant le Parlement ! Espérons que quelques amendements viennent l’enrichir. Pour peser sur le débat, la pétition de Cyril Dion est toujours ouverte.
🚸 Enfantillages
Le pire de la politique cette semaine avec la polémique sur les repas sans viande dans les cantines lyonnaises. Le but de cette mesure provisoire : servir un menu unique pour accélérer le passage à la cantine et lutter contre la propagation du Covid.
Le niveau de violence dans le débat a atteint des sommets : le ministre de l’agriculture a saisi le préfet, les agriculteurs ont manifesté devant la mairie, la droite a parlé “tentation totalitaire”, rien que ça….
Si vous avez manqué cet épisode, FranceInfo revient dessus en 5 actes.
Au delà de la polémique, c’est l’occasion, comme l’a parfaitement fait Juliette Nouel, de rappeler les études les plus robustes sur le sujet :
77% des terres agricoles mondiales sont consacrées à l’élevage. Cela implique déforestation et atteintes à la biodiversité.
15% des émissions de gaz à effet de serre sont liées à l’élevage (dont le fameux méthane des bovins).
Enfin, sur le plan de la santé, l’excès de protéines d’origine animale est jugé néfaste.
Coup de chapeau à Barbara Pompili qui s’est opposée frontalement aux autres ministres en pointant le caractère “préhistorique” de ce débat et en rappelant les enjeux sanitaires et climatiques !
🌳 Joyau primaire
Sublime image prise par la NASA depuis la station spatiale internationale.
Sublime sur le plan esthétique, mais ravageuse pour l’environnement. Il s’agit des rivières d’or qui serpentent à travers la forêt amazonienne au Pérou. Ces rivières sont en réalité des fosses creusées au bulldozer par les orpailleurs.
Le revers de la médaille (d’or), c’est donc la déforestation d’une forêt primaire qui abrite une biodiversité considérable. Hélas, la pollution ne s’arrête pas là : pour séparer l’or du minerai, les orpailleurs utilisent du mercure. Beaucoup de mercure.
Sa toxicité contamine les sols, les rivières, les sources et porte atteinte à la vie des populations locales.
Un sujet qui a été filmé et très bien expliqué par Hugo Clément dans son émission “Sur le front de l’Amazonie”. Un bon reportage pour occuper une soirée de couvre-feu (ou de confinement…).
🎉 Le vrac des Good News
Nouvelle petite rubrique d’ondes positives pour nous faire du bien.
MacDo supprime les jouets en plastique de ses HappyMeal. Record historique d’énergies renouvelables dans le mix électrique français en 2020. Des milliers de tortues sauvées de la vague de froid au Texas.
📖 Le Chiffre qui pique
En France, le marché de la publicité pèse l'équivalent de 8 fois le budget de la culture. C'est 33 milliards d'euros par an.
Un chiffre étourdissant.
Tant de créativité, de talents et d'argent réunis dans le seul but de nous faire consommer toujours plus. Un lien évidemment très direct avec l'écologie car pour consommer, il faut produire. Et produire, c'est utiliser des ressources, de l'énergie, polluer...
Ce puissant moteur de la consommation est difficile à canaliser. La Convention Citoyenne pour le Climat a proposé des régulations, mais il n'en reste que des miettes dans la loi Climat et Résilience. Entre temps, les téléphones des lobbyistes ont fonctionné pour tenter de contrecarrer les ambitions de la CCC.
Plus de chiffres chaque semaine sur le compte Insta de “Pas de Côté”.
🏃♀️ Les faiseurs : cours Forrest !
Courir, sentir ses muscles se raidir, son souffle se couper, le soleil ou la pluie sur sa peau, c’est souvent un excellent moyen de se reconnecter à soi-même et à ce qui nous entoure. Run for the Planet est une course “éco-conçue” organisée à Lyon, Paris et Bordeaux au mois de juin.
L’ambition est triple :
Sensibiliser aux enjeux environnementaux
Soutenir des associations qui œuvrent pour la protection de l’environnement
Proposer une aventure collective et sportive responsable
Il y a beaucoup à dire sur ce dernier point tant les évènements sportifs habituels ne sont pas vertueux écologiquement. Run for the Planet essaie de mettre l’écologie et la solidarité au cœur de l’organisation :
Même les dossards seront réalisés à base de déchets minéraux, sans eau ni produits chimiques.
Une initiative hyper motivante pour les sportifs comme pour les organisateurs d’évènements qui peuvent s’inspirer de la démarche. Aller, on s’inscrit ?
🚘 Greenwashing : roulons gaiement
Vous voulez sauver la planète ? Rien de plus simple, allez faire des tours de périph !
Chaque semaine, je me dis qu’il sera dur de trouver pire greenwashing la semaine suivante. Heureusement, les industriels rivalisent de créativité… et de mauvaise foi.
Cette publicité de Toyota a été repérée par l’excellent collectif Pour un Réveil écologique.
L’innovation de Toyota, c’est d’ajouter un filtre à particules nouvelle génération dans son véhicule à hydrogène pour capter des particules fines. Ils osent même le terme de “véhicule à émissions négatives”… Oui, mais voilà, dire que rouler purifie l’air, c’est oublier :
Qu’il a fallu produire le véhicule, ce qui n’est évidemment pas sans impact…
Qu’à date, l’hydrogène utilisé est très majoritairement produit via des énergies fossiles
Que le simple fait de rouler émet des particules par la friction des pneus et des freins. Celles-ci ne sont pas captées par leur nouveau filtre.
Le filtre de Toyota est probablement innovant et positif dans la captation des particules fines, mais scander que rouler purifie l’air, c’est un pas franchi qui porte un nom : le greenwashing.
😎 Ressource : en roue libre
La semaine dernière, nous parlions d’Elon Musk et de ses achats de Bitcoin hyper polluants. On aurait pu aussi parler de l’impact des batteries ou de sa volonté de “coloniser et privatiser” le ciel avec ses milliers de satellites.
Aurélien Barreau s’en est chargé. Lui qui est d’habitude relativement calme et courtois, il s’est littéralement lâché sur Elon, et plus généralement sur le technosolutionnisme (= l’idée selon laquelle on finira bien pas inventer une techno pour nous sauver).
7 minutes à regarder avec des popcorns. En roue libre Aurélien Barreau !
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