🎉 Boum !
Une fois n’est pas coutume, nous entamons ce Pas de Côté avec une excellente nouvelle.
ArcelorMittal, avec l’aide du gouvernement Français (dans le cadre du plan de relance) va investir 1,7 milliards pour décarboner deux sites de production. Il s’agit des sites de Fos-sur-mer et Dunkerque.
Anecdotique ? Détrompez-vous ! Ces deux usines qui produisent de l’acier émettent à elles seules 25% des émissions industrielles nationales. Or l’industrie, c’est 19% de nos émissions nationales d’après le Haut Conseil pour le Climat.
Pourquoi produire de l’acier émet autant de CO2 ?
On utilise actuellement du charbon pour “purifier le minerai et fer et chauffer les fours à très haute température”. Le charbon étant la source d’énergie la plus émettrice de CO2, on comprend mieux l’ampleur de l’impact carbone de l’acier.
Comment ce processus industriel va être décarboné ?
Pour purifier le minerai de fer, l’industriel va avoir recours à de l’hydrogène “vert”. C’est à dire de l’hydrogène produit par électrolyse. Oui, comme pour les chasseurs, il y a le bon et le mauvais hydrogène. Ici, ça sera le “bon” hydrogène.
Pour chauffer l’acier, des fours électriques vont remplacer les anciens hauts-fourneaux à charbon.
1 décision, 2 milliards et 2 sites de production pour réduire 25% des émissions industrielles d’un pays. Voilà un excellent niveau d’action pour décarboner.
Cette importante information à l’échelle de notre pays me rappelle un chiffre incroyable à l’échelle mondiale. 100 entreprises dans le monde sont responsables de 71% des émissions de carbone. C’est autrement plus efficace de s’y attaquer (pourquoi pas en les accompagnant comme ici avec de l’argent public) que de culpabiliser à outrance le consommateur individuel avec certains eco-gestes insignifiants.
🚱 Fermez le robinet
Responsabilité des entreprises : épisode 2.
Pour la première fois, grâce à des images satellites, des scientifiques sont parvenus à cartographier et à mesurer les fuites de gaz liées à l’exploitation des hydrocarbures.
Le gaz en question est du méthane et il contribue environ 30 fois plus à l’effet de serre additionnel que le CO2 sur une période de 100 ans.
Ce sont les tâches orange représentées sur la carte ci-dessous.
Ces données sont très supérieures à ce que déclarait jusqu’alors l’industrie pétrogazière comme l’explique le chercheur Thomas Lauvaux :
« L’industrie prétendait que ces événements étaient exceptionnels. On a été très surpris de découvrir que ces fuites avaient lieu tous les jours, entre 50 et 150 fois par mois en moyenne, libérant des quantités gigantesques de méthane, autour de 25 tonnes par heure »
Pour utiliser un ordre de grandeur plus parlant, les fuites observées pendant deux ans (2019 et 2020) ont un impact sur le climat équivalent aux émissions de 20 millions de véhicules pendant un an.
Encore plus dingue, les scientifiques nous apprennent dans l’article du Monde que la plupart de ces fuites sont…”intentionnelles”. Elles ont souvent lieu durant des opérations de maintenance, par exemple lors de la “vidange des pipelines”.
Contraindre ces entreprises à réduire significativement ce type de fuites aurait un impact à très court terme sur le réchauffement compte tenu des propriétés du méthane.
Conclusion : épisode 2.
C’est autrement plus efficace de s’y attaquer (pourquoi pas en les accompagnant avec de l’argent public) que de culpabiliser à outrance le consommateur individuel avec certains eco-gestes insignifiants (BIS).
🎉 Le vrac des Good News
La ville de Los Angeles interdit tout nouveau forage pétrolier. Elle compte actuellement 5200 puits de pétrole ou de gaz.
Les JO de Pékin se dérouleront 100% sur neige artificielle ! Heu, où est la bonne nouvelle ?
La bonne nouvelle, c’est que l’information a circulé sur tous les médias non spécialisés et a suscité de nombreuses réactions. Or, FranceInfo nous rappelle que les JO d’hiver sont en réalité organisés depuis 20 ans quasi exclusivement sur neige artificielle. Alors si on voit le verre à moitié plein, on peut se “réjouir” que le sujet ne laisse plus indifférent et espérer que les enjeux environnementaux soient désormais réellement pris en compte dans ce type d’évènement.
La Belgique intègre le crime d’écocide dans son arsenal juridique. C’est le premier pays européen à le faire d’après Positivr. En complément, la Belgique milite pour faire inscrire ce crime dans le droit international.
✉️ Le chiffre
Ils sont 1400 et ils haussent le ton. 1400 scientifiques ont écrit une tribune cette semaine pour réclamer une juste place des enjeux environnementaux dans la campagne présidentielle :
"Quels que soient nos opinions politiques et nos engagements personnels, nous constatons avec inquiétude l'absence de débat démocratique dans la campagne présidentielle sur les graves bouleversements en cours et à venir, qu'ils concernent le climat, l'océan, la biodiversité ou les pollutions."
Savoir collectivement comment atténuer et s’adapter aux grands défis du siècle devrait être au cœur de cette élection. C’est le moment idéal pour discuter collectivement de la société vers laquelle nous voulons aller. Et pourtant…
Les 1400 scientifiques déplorent aussi la pauvreté du débat sur le sujet. Un débat qui se limite à des caricatures autour de la production d’électricité. Pour ou contre le nucléaire ? Pour ou contre les éoliennes ? Le tout petit bout de la lorgnette qui ne fait que polariser le débat.
"Ces simplifications finissent par créer une prison intellectuelle, qui empêche de mettre sur la table les choix qui s'offrent encore à nous, et d'en débattre de manière démocratique, c'est-à-dire publique, éclairée et contradictoire."
Puissent-ils être entendus !
📸 Les faiseurs : droit au but
L’éco-aventurier Benjamin de Molliens a lancé une belle initiative qui essaime sur les réseaux sociaux.
Le principe est simple : se prendre en photo devant des passants avec un message et la publier sur les réseaux avec le hashtag #maposeclimat.
C’est drôle et terriblement efficace.
Efficace notamment pour percer la bulle de gens déjà convaincus et aller titiller avec bienveillance la curiosité de ceux qui se sentent moins concernés par le sujet.
Bravo !
✈️ Greenwashing : plus haut plus vert
“Une brosse à dent et un stylo à base d’amidon de maïs, des bouchons d’oreilles emballés dans du papier kraft… les trousses de confort Air France deviennent “toujours plus écoresponsables”.
Voilà ce qu’on peut trouver dans la communication d’Air France à propos de ses nouvelles trousses de confort.
L’idée n’est pas de pointer du doigt Air France qui travaille avec sérieux sur la compatibilité de son activité avec les enjeux climatiques.
La compagnie s’est d’ailleurs volontairement engagée en octobre dernier dans l’initiative reconnue SBTI (science-based targets initiative) pour se fixer des objectifs de réduction d’émissions de gaz à effet de serre en ligne avec la trajectoire prévue lors de l’Accord de Paris.
Si sur le fond, le travail est en cours, il reste du chemin en termes de communication. Avec son communiqué sur ses trousses écoresponsables, elle tombe dans un des cas classiques de greenwashing : communiquer sur un aspect beaucoup trop anecdotique au regard de l’impact global.
Oui, c’est une bonne idée d’améliorer l’impact environnemental de ses trousses de confort. Non, cela ne nécessite pas une communication dédiée.
🚢 La ressource : triste
La mer, son horizon, ses vagues, son écume…
Non, ce n’est pas de l’écume, ce sont des milliers de poissons (des merlans) morts rejetés en mer par un bateau usine.
Ces images ont été prises cette semaine, à proximité de La Rochelle, par l’ONG Sea Sheapherd et relayées par Hugo Clément.
La “beauté” de l’image contraste avec la réalité de ce qu’elle représente. Triste.
A la suite de ces images, la Ministre de la Mer, Annick Girardin a demandé des explications au centre national de surveillance des pêches.
Edit : 04/02 : le bateau reconnaît un “incident de pêche” et le rejet accidentel des poissons.