🐦 cui-cui !
Faudra-t-il bientôt se contenter d’un enregistrement de chants d’oiseaux ?
La question n’est pas nouvelle : dès 1962, la biologiste Rachel Carson mettait en garde contre “des printemps qui risquaient de devenir de plus en plus silencieux…”
Nous y sommes.
600 millions d’oiseaux auraient disparu en Europe en 40 ans, soit 1 sur 6 selon la récente étude relayée par Reporterre cette semaine.
Fiona Burns, la scientifique qui a mené les recherches a cette phrase lapidaire :
“Les oiseaux communs deviennent de moins en moins communs.”
Les causes de cette hécatombe sont connues :
Nous occupons et détruisons leurs espaces et leurs habitats.
L’agriculture chimique décime les populations d’insectes dont se nourrissent les oiseaux.
Moineaux, étourneaux, bergeronnettes printanières, alouettes des champs, voici les victimes des activités humaines.
Cette étude nous donne l’occasion de reparcourir le rapport de l’Observatoire Nationale de la Biodiversité (ONB) qui suit le déclin du vivant en France. L’ONB rappelle notamment les 5 “pressions” qui affectent le vivant selon la classification de l’IPBES (une sorte d’équivalent du “GIEC pour la biodiversité”) :
Changement d'usage des terres et de la mer : exemple, l'artificialisation des sols.
Exploitation directe d'organismes : exemple, la surpêche.
Changement climatique, pas besoin d'exemple :(
Pollutions : exemple, les pesticides (cqfd pour les oiseaux)
Espèces exotiques envahissantes
Make Our Chants des Oiseaux Great Again.
📈 Très loin du compte
Dans la série : “je fais semblant de vouloir réduire mes émissions de gaz effet”, on vient de passer un cap cette semaine.
On savait que les promesses des Etats n’étaient pas à la hauteur des impératifs pour limiter le réchauffement sous les 2 degrés. (D’ici la fin du siècle versus l’ère préindustrielle).
On savait aussi que les émissions des Etats ne respectaient pas leurs propres promesses, elles-mêmes déjà pas à la hauteur de l’Accord de Paris.
Vous suivez toujours ?
Et bien on apprend que les émissions calculées (qui ne collent donc pas aux promesses, qui elles-mêmes ne collent pas à l’Accord de Paris) sont en réalité inférieures aux émissions réelles.
Dit autrement, les Etats auraient une fâcheuse tendance à pipoter leurs calculs d’émissions.
Et on n’est pas que dans l’épaisseur du trait : l’étude relayée cette semaine par Franceinfo évoque des écarts de l’ordre de 20% à 30% ! Hallucinant.
Au delà des quantités de gaz à effet de serre déclarées par les Etats, il y a un chiffre qui ne peut tromper personne : le niveau de concentration en CO2 que l’on retrouve in fine dans l’atmosphère.
Même si ce chiffre n’intègre pas les autres gaz à effet de serre, il reste représentatif. Le CO2 est le gaz qui contribue le plus à l’effet de serre additionnel.
Or, ce chiffre ne se “déclare pas”, il se mesure précisément.
Autant dire qu’on a du mal à voir l’impact des 26 “COP”, des “Grenelle”, ou des “Make Our Planet Great Again” sur la courbe, tant elle suit irrémédiablement sa progression.
Comme le dit Aurélien Barrau pour d’autres sujets : “il serait temps d’être un peu sérieux” !
🎉 Le vrac des Good News
Les pesticides devraient être interdits prochainement dans les zones Natura 2000. Le Conseil d’Etat impose à la France de retranscrire une directive européenne. L’ONG France Nature environnement qui portait ce combat se félicite de cette avancée.
Le saviez-vous ? Les serres de jardin (qui permettent pourtant de faire pousser ses propres légumes en circuit ultra court) font l’objet d’une taxe ! Cette semaine, les députés ont voté un texte pour permettre aux collectivités locales de la supprimer.
Railcoop, c’est parti ! Le premier train de la coopérative ferroviaire s’est élancé cette semaine. J’ai eu la chance de rencontrer son Président dans un podcast passionnant il y a 6 mois : à écouter ici si vous l’avez manqué. Dominique Guerrée nous partageait son rêve et ses ambitions. C’est aujourd’hui une réalité.
👎🏼 Le chiffre : zéro pointé
Au lendemain de la clôture de la COP26 se tenait le deuxième débat des candidats “Les Républicains” à la présidentielle 2022.
0 minute, c’est précisément le temps de débat consacré aux questions environnementales par les candidats.
C’est quand même pas beaucoup.
Ils devraient pourtant s’intéresser à la question, même pour débattre de leur sujet fétiche qu’est l’immigration. Traiter de ce sujet, sans le relier aux déplacements de populations que provoque et va provoquer le dérèglement climatique, ce n’est pas sérieux (bis).
Si ces gens là sont élus l’année prochaine, on n’est pas sorti des ronces.
🌳 Les faiseurs : la forêt participative
La ville de Colombes se met à la méthode Miyawaki !
C’est quoi le principe ?
La méthode est issue des travaux du botaniste japonais éponyme. Elle consiste à planter de multiples essences d’arbres de façon extrêmement dense. La méthode Miyawaki repose pleinement sur la participation des habitants. On parle de “micro-forêts participatives.”
En quoi c’est innovant ?
Avec environ 3 arbres au m², la densité stimule le développement racinaire par un phénomène “d’entraide” entre végétaux. La forêt pousse deux fois plus vite et accueille rapidement une biodiversité démultipliée grâce à la variété des essences plantées.
La densité de plantation associée au paillage rend les espaces autonomes. Quasi aucun entretien nécessaire.
Pourquoi “forêt participative” ?
La méthode repose sur la participation des habitants. Les arbres ont été plantés au pied de la “tour Z” à Colombes par les habitants, l’association Boomforest et les élus. Une manière efficace de participer à la reconnexion au vivant et au “faire ensemble”.
Quel intérêt pour l’environnement ?
La micro-forêt fait revenir la biodiversité et permet de s’adapter au changement climatique. Les végétaux diminuent la température et évitent les îlots de chaleur urbains. Ils permettent aussi de stabiliser les sols et d’absorber l’eau en cas de fortes précipitations.
Une belle initiative à essaimer dans toute la ville de Colombes et au delà : la prochaine session de plantation est prévue le week-end prochain au Parc Caillebotte.
⚽ Greenwashing : en plein lucarne
Imaginez un instant que la coupe du monde au Qatar, l’évènement sportif au pire bilan social et environnemental se revendique “green”…
Oui, on parle bien du pays qui a l’empreinte carbone par habitant la plus élevée du monde.
Oui, on parle bien du pays qui a construit des stades climatisés et des aéroports spécifiquement pour l’évènement.
Oui, on parle bien de chantiers qui ont tué plus de 6 500 ouvriers originaires d’Inde, du Pakistan, du Népal, du Bangladesh et du Sri Lanka.
Et bien non seulement ils se revendiquent “green”, mais en plus ils en font la promotion “oklm” à la COP26 dans l’indifférence générale (sauf chez Reporterre qui a écrit un article sur le sujet).
Comment un annonceur peut-il vouloir associer sa marque à un évènement aussi scandaleux ? Comment pouvons-nous collectivement accepter que la coupe du monde 2022 viennent parader à la COP26 ?
A ce stade, ce n’est plus de la dissonance cognitive, ça devient carrément pathologique.
🎙 La ressource : brillantissime
Vous n’allez pas regretter vos 3 prochaines minutes tant cette vidéo vaut le détour. Les Goguettes ont passé notre dépendance aux énergies fossiles à la moulinette de leur talent.
C’est piquant, juste, drôle et tellement pertinent. Le coup de cœur de la semaine qui fait du bien !
Rien que le titre du groupe donne envie de regarder : Les goguettes (un trio mais à quatre).
Voilà enfin du sérieux qui (en plus) ne se prend pas au sérieux.
🙄 Le dessin de presse
Donnons de l’écho aux sujets environnementaux. Partageons !
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