⚖️ (In)justice
Le 24 juin dernier, nous étions sous le choc après la remise en cause du droit à l’avortement par la Cour suprême.
Le 30 juin, cette même Cour suprême, composée des mêmes membres conservateurs s’attaquait cette fois-ci à la lutte contre le changement climatique.
Qu’a t-elle décidé ?
La Cour retire à l’Agence pour la protection de l’environnement (EPA) la capacité d’édicter des règles générales pour limiter les émissions de gaz à effet de serre des centrales à charbon.
Le charbon, c’est pourtant 20% de l’électricité aux Etats-Unis.
Derrière cette décision, deux idées puissantes aux Etats-Unis :
l’Etat fédéral n’a pas à limiter la liberté d’action et d’organisation des Etats. C’est ce que déclare le chef du parti Républicain au Sénat :
“Aujourd’hui, la Cour suprême rend le pouvoir au peuple.”
Ce même argument avait d’ailleurs été utilisé 6 jours plus tôt par un juge conservateur pour l’avortement :
“Il est temps de rendre la question de l’avortement aux représentants élus du peuple.”
le mode de vie des Américains ne se négocie pas. C’est en substance ce que déclare le chef du parti Républicain en reprochant à Joe Biden de mener “une guerre contre les énergies à prix abordable.”
Cette décision marque la victoire de Trump (qui a nommé des juges conservateurs à la Cour suprême) dans son combat contre la loi Clean Power Plan d’Obama de 2015.
Les réactions ne se sont pas faites attendre avec notamment l’élue démocrate Alexandria Ocasio-Cortez :
“Notre planète est en feu et cette Cour suprême extrémiste détruit la capacité du pouvoir fédéral de se battre”.
La lutte contre le réchauffement climatique est définitivement profondément politique. Ce n’est pas qu’un sujet d’ingénieurs pouvant unilatéralement décider qu’il conviendrait de faire ceci ou cela.
Les décisions climatiques structurantes viennent heurter des convictions ou modifier la vie des gens. Mon intuition, c’est que la conduite du changement se fera davantage par l’écriture d’un nouveau récit de société désirable que par des graphiques de mix énergétique.
À nous tous d’essayer de l’écrire !
🌳 Le chiffre : feu la forêt
C’est le dernier décompte du nombre d’habitants évacués à la suite des incendies qui sévissent en Gironde.
14 000 personnes qui ont quitté leurs domiciles menacés par les flammes avec l’angoisse de ne peut-être jamais y revenir. Imaginons une seconde concrètement ce qu’on pourrait ressentir en pareille situation.
Non les conséquences du dérèglement climatique ne sont pas pour 2100 et/ou au bout du monde, c’est ici et maintenant. C’est en tout cas un petit aperçu de ce qui nous attend.
Ce n’est pas l’écologie qui est punitive, ce sont les conséquences de l’inaction qui le sont.
🌳 Les faiseurs : Luna
On retraverse l’Atlantique pour aller aux Etats-Unis dans le mythique parc du Yosemite.
Ici aussi, le feu sévit. Il a menacé cette semaine les fameux séquoias géants.
Ils sont désormais hors de danger grâce au travail héroïque des pompiers qui se sont notamment relayés pour arroser en permanence les pieds de ces arbres chargés d’histoire.
Ce combat pour protéger les séquoias m’a fait repenser à l’incroyable histoire de Julia Hill dont je vous avais partagé le portrait l’an dernier. Le revoici ci-dessous. Il prend une nouvelle dimension après la menace exercée par le feu cette semaine.
Décembre 1997, Lost Coast, Californie. Les militants écologistes se mobilisent depuis des mois, sans grand succès, pour défendre des séquoias millénaires contre l’entreprise Pacific Lumber qui veut les abattre.
Au hasard d’un tour du monde, Julia Hill se retrouve plongée au milieu de ce combat. Le 10 décembre 1997 va changer sa vie à jamais.
Pour protéger les arbres, Julia monte au sommet d’un séquoia haut de 55 mètres et y aménage une minuscule plateforme. Elle n’en redescendra que 738 jours plus tard, soit 2 ans et 8 jours plus tard.
2 ans et 8 jours de souffrances face aux conditions climatiques, et aux intimidations de Pacific Lumber : incendies aux alentours, rondes d’hélicoptères, épandage de napalm, rien ne lui sera épargné pour la faire plier.
Mais à l’image de l’arbre, Julia plie mais ne rompt pas et trouve la force de combattre dans ses convictions et la prière.
Une opération de tree-sitting aussi extrême que décisive. Après des mois de négociations, le sequoia (qui porte le nom de Luna) et un périmètre de forêt autour sont définitivement épargnés.
Plus de 20 ans après Luna est vivant. Quant à Julia, elle consacre désormais sa vie à porter des messages de sensibilisation sur les questions environnementales.
Pour en savoir plus, Julia raconte son histoire dans une vidéo de 4 minutes. Elle a aussi écrit un livre : De sève et de sang.
🌳 Greenwashing : start up nation
L’enfer est pavé de bonnes intentions. L’adage se vérifie avec ce nouvel aménagement urbain imaginé par la métropole nantaise.
Découvrons le descriptif officiel qui sent déjà l’entourloupe :
“Sobre et autonome en énergie, elle comporte une toile tendue permettant d’ombrager le dispositif et de récupérer les eaux de pluie, un kit solaire, une recharge d’appareils par récupération d’énergie solaire. Elle offrira un espace de coworking et son mobilier sera adapté aux personnes à mobilité réduite”.
Regardons désormais le résultat :
A deux doigts d’inventer un arbre.
🌳 La ressource : vert ?
Une image mais quelle image !
La pépite de la semaine a été repérée par Hervé Naillon sur le site de MétéoFrance.
Ces deux photos ont été prises à Nantes en juillet. Celle de gauche l’an dernier, celle de droite cette année.
Un visuel très puissant pour illustrer la souffrance du vivant par les effets conjugués des canicules et des sécheresses.
Encore une fois, on ne parle pas de 2100 ou du bout du monde, c’est ici et maintenant.
✏️ Le dessin de presse
Le regard de Coco sur les incendies et la petite phrase du Président cette semaine…