Ce dimanche, il n’y aura qu’un chiffre.
Un chiffre bien trop important pour qu’il se retrouve “noyé” parmi d’autres actualités.
Un chiffre sur lequel nous devrions nous arrêter et essayer d’imaginer ce qu’il représente vraiment.
69% des animaux vertébrés sauvages ont disparu au cours des 50 dernières années.
Ce chiffre est issu du rapport “Planète vivante”, réalisé tous les deux ans par le WWF.
Pourquoi cet effondrement ?
Collapse, effondrement : on fait parfois des manières pour employer ces termes chocs. Quel autre terme employer lorsqu’on perd 69% des animaux vertébrés en seulement 50 ans.
L’IPBES, l’équivalent du GIEC pour la biodiversité, produit des analyses qui vont exactement dans le même sens. Voici ce que disait son président en 2019 à l’occasion de la sortie du premier rapport :
“La santé des écosystèmes dont nous dépendons, ainsi que toutes les autres espèces, se dégrade plus vite que jamais. Nous sommes en train d’éroder les fondements mêmes de nos économies, nos moyens de subsistance, la sécurité alimentaire, la santé et la qualité de vie dans le monde entier”.
Ces rapports n’ont pas la résonnance collective qu’ils devraient avoir. Il est pourtant question de la vie sur terre. Y a-t-il quelque chose au-dessus de cela ?
L’IPBES a clairement établi 5 pressions à l’œuvre contre la vie. Les voici par ordre décroissant d’impact :
les changements d’usage des terres et de la mer
l'exploitation directe de certains organismes
le changement climatique
la pollution
les espèces exotiques envahissantes
Pour aller plus loin, voici une précieuse ressource avec l’interview de Bruno David, président du Muséum d'Histoire naturelle pour le média Greenletter Club.
Le propos est clair, mesuré… et souvent très drôle avec des punchlines marquantes.
(NB : bizarrement, je ne connais Greenletter Club que depuis très récemment. Les contenus sont vraiment d’excellente qualité. Une pépite).
Alors on fait quoi ?
Vous noterez que le climat n’arrive qu’en troisième position dans les pressions qui pèsent actuellement sur la vie. On aura beau avoir tout décarboné, (quasi) rien ne changera quant à la pression que nous exerçons sur la biodiversité.
L’enjeu est bien plus vaste, interconnecté et complexe. Il vient questionner notre rapport au vivant. C’est à mon sens un sujet davantage philosophique que technique.
Pour tenter de mener cette introspection et essayer de ressentir notre place de “vivant parmi les vivants”, voici 4 ressources :
“La nature n’existe pas”. Pour en finir avec le dualisme, il faut écouter ou lire l’anthropologue Philippe Descola. Il a d’ailleurs été reçu par France Inter hier. L’interview dure 30 minutes et c’est passionnant (son passage débute à partir de 24 min 30).
“Qu’est-ce que la nature” ? Cette conférence de Catherine Larrère éclaire la réflexion sur “les différentes façons de se situer par rapport à la nature.” Elle articule astucieusement son propos autour du “slogan” : “Nous ne défendons pas la nature, nous sommes la nature qui se défend.”
“Raviver les braises du vivant” : Le travail de Baptiste Morizot questionne notre sensibilité au vivant. Il propose une diplomatie du vivant notamment avec son concept des “égards ajustés”.
Avec Baptise Morizot, et notamment son travail sur le réensauvagement, le “slogan” devient : “nous sommes le vivant qui se défend.”Last but not least : couper l’ordi et aller se promener en forêt ou dans n’importe quel espace “naturel” et ressentir tout simplement le monde.
On va tout de même terminer cette édition un peu spéciale avec le traditionnel dessin de presse. Il est signé Soulcié et il se passe de commentaire.
Et sur ce, bon dimanche :)