🚗 VroumVroum (très fort)
Deux “actualités” se sont violemment percutées cette semaine :
Lundi, je découvrais l’article passionnant de Reporterre concernant l’impact du bruit sur la santé humaine, avec ce titre choc :
“Le bruit détruit plus la santé que la pollution de l’air”.
Stress, perturbations du sommeil, maladies cardiovasculaires, baisse des défenses immunitaires, des chercheurs ont réussi à prouver des liens de causalité entre ces maladies et l’exposition au bruit.
70% des nuisances proviennent des transports, notamment la route, puis dans une moindre mesure, l’aérien et le ferroviaire.
Et voilà que mercredi, je tombe sur ce tweet du député Matthieu Orphelin.
Tout est dit dans le tweet. Dans un délire viriliste d’un autre temps, certains ont besoin d’exposer aux autres une prétendue puissance.
A la suite de la polémique, Libé a enquêté et a obtenu confirmation auprès du constructeur.
On apprend par ailleurs dans l’article que Peugeot et Renault utilisent aussi des systèmes pour amplifier le son du moteur… dans les hauts parleurs du système audio de certains véhicules. C’est tout aussi ridicule, mais au moins, seul le conducteur (et éventuellement ses passagers) profitent du concert.
On appréciera au passage le slogan de Audi (dans le tweet) et sa référence “aux bonnes familles”… Nauséabond.
💧 Les dernières gouttes ?
Quel est le point commun entre une paire de lunettes, un rouge à lèvres, une poche de perfusion, un t-shirt de sport, un jouet en plastique, un herbicide, un smartphone et certains médicaments ?
Réponse : tous ces produits sont fabriqués avec du pétrole. On ne parle ici de transport mais de fabrication. Quand on y regarde de plus près, quasi tout autour de nous est pétrole.
Si on ajoute ce qui n’est pas issu du pétrole, mais qui a a été transporté via un moyen de transport utilisant du pétrole, alors on est quasi à 100% : on mange du pétrole, on s’habille en pétrole, on se loge en pétrole, on se déplace en pétrole.
L’Agence internationale de l’énergie (AIE), qui fait autorité sur le sujet, a tiré la sonnette d’alarme mercredi dans son « World Energy Outlook » :
“La transition est trop lente. […] le monde subira le réchauffement climatique mais aussi des turbulences en matière d'approvisionnement”.
Pour une fois, oublions le réchauffement climatique ! Même si le pétrole n’émettait pas le moindre gramme de CO2, on serait tout de même face à un sacré problème.
Dès la déclaration de l’AIE, des spécialistes du sujet comme Matthieu Auzanneau ou Maxence Cordiez se sont émus de la teneur des propos de l’agence.
Le scenario de pénurie est tellement vertigineux qu’il est difficile de se l’imaginer. Dans les 10 ans qui viennent, devrons-nous faire des choix d’usage faute d’offre suffisante ? On réserve l’essence pour le camion de pompier, le livreur de légumes ou le camion poubelle ?
Quel candidat à la présidentielle dispose d’un plan précis pour sortir du pétrole ? Quel candidat à la présidentielle dispose d’un scénario de crise pour faire face à une rupture d’approvisionnement ?
Le sujet parait légèrement plus important que ceux qui polluent l’espace médiatique en ce moment. Travaillons de toute urgence au “grand remplacement”… (du pétrole).
😡 Coup de gueule !
Cette horreur découverte mercredi à la FNAC à coté de Saint-Lazare m’a rendu fou.
L’an dernier, nous avions un petit pschitt à l’entrée des magasins. Simple, efficace, ça faisait le job.
Quel gâchis ! En plus des ressources et de l’énergie, je n’ose imaginer le temps de cerveaux et de bras cumulés qu’il a fallu pour penser, fabriquer et transporter ce truc inutile.
On n’a pas mieux à faire ?
Le seul avantage d’une éventuelle pénurie d’énergie (cf au-dessus) sera de nous obliger à définir collectivement ce qui est vital, utile ou futile. Pas sûr que le machin de la FNAC résiste à ce questionnement.
🎉 Le vrac des Good News
Les courbes de ventes de véhicules diesels et électriques se croisent pour la première fois en Europe. Le marché des véhicules à faibles émissions décolle. Prochaine étape : croiser la courbe des véhicules à essence.
La banque postale annonce son désengagement de toutes les énergies fossiles d’ici à 2030. Une prise de position inédite dans le secteur et qui va dans le bon sens à quelques jours de la COP26.
L’Organisation Mondiale de la Santé durcit les “seuils acceptables” de pollution de l’air pour protéger la santé des populations. La France dépasse ces seuils, même si la qualité de l’air progresse depuis 20 ans.
🍑 Le chiffre :
Excellente nouvelle ! Voici un moyen de supprimer 10% des émissions de gaz à effet de serre du monde, sans (presque) modifier nos vies…
Le 29 septembre, à l’occasion de la journée contre le gaspillage, l’organisation onusienne pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a publié ce chiffre incroyable : les pertes et gaspillages alimentaires sont responsables de 10% des gaz à effet de serre (GES) du monde… Hallucinant.
Du champ à l’assiette, l’alimentation génère environ 1/3 des émissions mondiales. Or, nous “perdons ou gaspillons” environ 1/3 de ce qui est produit. Le compte est hélas bon !
Le sujet va bien au delà du dérèglement climatique. En produisant davantage que nécessaire, nous exerçons une pression lourde et inutile sur la biodiversité et les ressources en eau.
L’application TooGoodToGo (qui est une excellente solution contre le gaspillage) propose 5 actions à mener chez-soi pour réduire cet immense gâchis.
⛵ Les faiseurs : hissez-haut !
“Dans le voyage, il y a le temps du voyage. Ce n’est pas voir vite, c’est voir et vivre en même temps”.
Sailcoop utilise les mots de Marguerite Duras pour définir une nouvelle philosophie du voyage, un autre rapport au temps.
Sailcoop est une coopérative de voyages en voiliers : les premiers voyages (entre le continent et la Corse) sont prévus pour fin octobre.
Les grandes traversées débuteront en janvier 2022. Il faudra compter environ un mois pour se rendre de l’autre coté de l’Atlantique. Nul doute que ce mois restera gravé pour toujours dans les mémoires des voyageurs : “le but est dans le chemin”.
Au-delà d’offrir une alternative décarbonée au voyage, Sailcoop nous écrit un nouveau récit et participe à créer un nouvel imaginaire : le retour de l’aventure, de l’imprévu, du temps long.
En plus des traversées, Sailcoop entend devenir le AirB&B du bateau (mais en payant ses impôts). L’opportunité est immense quand on sait qu’un bateau reste inutilisé au port 98% du temps. C’est peut-être le moment de passer d’une économie de la possession à une économie de l’usage.
Bon vent Sailcoop !
👕 Greenwashing : indécence
“Est-ce cela l'économie circulaire ? Seconde main veut-il nécessairement dire impact positif, aussi bien social qu'environnemental ? Ou plus cyniquement nouvelle aubaine économique pour une poignée d'actionnaires ?”
Ces mots sont prononcés par Maud Sarda. Un cri du cœur face à l’opportunisme d’acteurs de la fast fashion qui se découvrent subitement une passion pour le ré-emploi.
Maud Sarda sait de quoi elle parle en matière d’économie circulaire. Elle est la co-fondatrice et la directrice du Label Emmaüs. Elle poursuit son analyse avec des mots tellement justes :
“Quand on fait des livraisons express et qu'on propose de retourner les produits gratuitement, autant de fois qu'on le souhaite, est-ce vraiment éco-responsable ?”
”Quand on fait travailler des gens dans des entrepôts comme des robots, sur des cadences infernales, pour un salaire de misère, avec un enrichissement extrême de quelques-uns, propose-t-on vraiment un nouveau modèle de société, plus inclusif, plus humaniste? Est-ce cela le progrès social ?”
Décence et cohérence : 2 concepts largement absents dans cette communication de Zalando.
📈 La ressource : échec et mat(hs)
Intuitivement, je me représente la croissance comme quelque chose d’assez linéaire.
Genre ça :
Or, Pablo Servigne dans Comment tout peut s’effondrer, nous explique que nous avons plutôt affaire à ça :
De belles exponentielles ! Rajouter un petit % chaque année à une quantité donne donc ceci. C’est tout sauf linéaire. Pablo Servigne parle de “la grande accélération”.
Pour s’en persuader encore davantage, regardez ces deux chiffres dingues :
7% de croissance (imaginons le PIB de la Chine) revient à un doublement du PIB en 10 ans !
3,5% de croissance (imaginons le PIB du monde) revient à un doublement du PIB en 20 ans !
Ce qui est vrai pour le PIB, l’est pour n’importe quel “truc” qui croit de X% par an.
Une fois que ceci est posé, comment sérieusement imaginer qu’il soit soutenable de maintenir ces niveaux de croissance indéfiniment ?
Comment penser que le système Terre, (quelques soient les avancées technologiques) puisse supporter un doublement de l’économie (et donc de tout ce qu’on produit) ?
🛢 Le dessin de presse
Résultat du dernier sondage : plébiscite pour la “carte de la mobilité carbonée”. 70% d’opinions favorables et 30% d’indécis.
Cette carte s’inscrit dans le projet plus large d’un “compte carbone” (Merci Alain Risbourg pour l’info). On en reparlera très bientôt dans Pas de Côté, c’est passionnant et très prometteur !
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