🥳 Des idées !
Pas de constat effrayant dans cet article mais une piste de solution !
Une groupe d’étudiants de l’université de Paris, en association avec Forum Vies Mobiles (think tank soutenu par la SNCF) cherchent à s’attaquer aux émissions de nos transports (30% des émissions nationales).
Quelques constats de départ :
Nous n’arrivons pas à diminuer les émissions liées aux transports (malgré les progrès techniques et les incitations aux mobilités douces)
La taxe carbone n’a pas été socialement acceptable (#GiletsJaunes). Le signal prix est injuste car il ne concerne que les plus pauvres qui émettent déjà le moins. Aucun CSP+ ne limitera l’usage de sa voiture pour quelques centimes d’euros de plus par litre.
Le think tank a étudié l’opportunité de mettre en place une carte de la mobilité carbonée. Le principe est simple : chaque français reçoit un quota annuel d’émissions sur sa “carte carbone”. Cette carte magnétique est ensuite “débitée” à chaque plein d’essence ou achat de billet d’avion.
Pour faciliter l’acceptabilité, le dispositif serait progressif : une première année blanche, puis des quotas assez larges qui diminueraient au fil des années sur la trajectoire de notre Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC).
Les quotas annuels pourraient être différenciés : par exemple, un urbain (qui dispose d’alternatives à la voiture thermique) aurait un quota plus faible qu’une personne vivant à la campagne et qui n’a pas le choix.
L’association met en avant trois atouts très forts de cette idée : équité, lisibilité, praticité !
Une solution concrète qui allie justice sociale et impératif climatique et rappelle la citation de Chico Mendès :
L’écologie, sans lutte des classes, c’est du jardinage.
Que pensez-vous de cette proposition ? Mini sondage ici.
📱 Quand on veut, on peut ?
Mars 2020, en une décision, le Président de la République “arrêtait le pays” pour lutter contre la pandémie de Covid-19. La vie de dizaines de millions de français se retrouvait profondément modifiée dès le lendemain.
Une démonstration spectaculaire de la capacité de transformation qu’il reste à la puissance publique.
Septembre 2021, le Commissaire européen au marché intérieur Thierry Breton espère pouvoir imposer le chargeur universel de smartphones “d’ici quelques semestres”. Le projet de chargeur unique a été initié par la Commission en 2009 (il n’y a pas de coquille, ça fait bien 12 ans).
Voilà pourtant un sujet où fin du mois et fin du monde se rejoignent : les européens achètent chaque année pour 2,4 milliards d’euros de chargeurs seuls et 11 000 tonnes de chargeurs finissent inutilisés chaque année. Un inutile gaspillage d’euros, de ressources et d’énergie.
12 années pendant lesquelles l’Europe a compté sur la concertation avec les industriels. La plupart ont joué le jeu en passant de 30 modèles de chargeurs à 3.
Il reste un irrésistible américain qui ne veut pas : Apple qui déclare :
"Cette réglementation étoufferait l'innovation […] et nuirait aux consommateurs en Europe et dans le monde."
La réglementation envisagée me parait davantage nuire au résultat net d’Apple qu’aux consommateurs.
A partir de ce bras de fer, je me pose deux questions :
Qui a le plus de pouvoir entre l’Europe et Apple ?
Si on n’est pas fichu d’imposer une chargeur unique en 12 ans, comment allons-nous relever les autres défis environnementaux bien plus structurants et contraignants ?
🎉 Le vrac des Good News
Là voilà la revanche des bouffeurs de graines. C’est probablement la nouvelle la plus importante de cette revue de presse ! Elle a été relayée par GQ et TTSO.
Une étude publiée dans la revue scientifique Personality and Individual Differences vient de démontrer que les personnes qui se préoccupent de l’environnement sont plus attrayantes… Le tofu, c’est sexy.
Nous renvoyons une image “altruiste et prosociable” ce qui laisse entrevoir une relation “sérieuse, durable et heureuse”.
Plus efficace que de s’inscrire sur Tinder, filez sur le site de l’ADEME faire votre bilan carbone !
🚘 Le chiffre : à contresens
C’est le nombre de kilomètres que comptera la nouvelle autoroute annoncée en grande pompe cette semaine par le Premier Ministre. Elle relira Castres à Toulouse. Le fait que Jean Castex soit un ancien élu du sud ouest est forcément un hasard.
Quelques semaines après la publication du rapport du GIEC, cette annonce est désespérante. Le GIEC nous dit que chaque tonne de gaz à effet de serre compte, que chaque dixième de degrés de réchauffement compte, et on décide de construire une foutue autoroute.
Est-il vraiment pertinent de développer une infrastructure pour la voiture individuelle ? Est-il vraiment pertinent d’artificialiser davantage de terres fertiles ? N’avons-nous pas mieux à faire avec les 480 millions d’euros du projet ?
Jean Castex, lui-même, laisse entrevoir qu’il s’agit d’un projet du passé :
“Je suis venu réparer une injustice [...] je sais que vous attendez cela depuis trente ou quarante ans.”
Il serait temps d’intégrer que les enjeux d’il y a 40 ans ne sont pas tout à fait les mêmes que ceux d’aujourd’hui.
On fonce droit dans le mur, et on décide d’accélérer encore et encore.
⚖ Les faiseurs : droit devant
Marie Toussaint n’est pas l’écologiste la plus médiatisée ! Ses actions sont pourtant d’une efficacité redoutable.
L’activiste écolo, juriste en droit de l’environnement de formation, a fondé l’ONG “Notre affaire à tous”, à l’origine de la pétition “l’Affaire du siècle”.
Avec 2 millions de signataires, cette pétition est devenue la plus signée de France. Le combat s’est ensuite poursuivi sur le plan judiciaire en attaquant l’Etat pour son inaction dans la lutte contre le réchauffement climatique.
Marie Toussaint rejoint EELV à 18 ans avec une conviction :
“Les grandes révolutions ont toujours reposé sur des révolutions juridiques.”
Ce levier d’action détonne dans le milieu militant. Cela n’affecte en rien la détermination de Marie :
“Dans les ONG, le droit n’était pas un sujet, au début on nous a ri au nez”.
Sauf que désormais, plus personne ne rit :
Début 2021, l’Etat a été condamné pour son inaction climatique. Prochaine étape (en cours) : que la justice contraigne l’Etat à agir.
La militante, devenue députée européenne, porte aussi le combat à l’international pour la reconnaissance du concept d’écocide.
Merci Marie Toussaint de porter ces combats de l’ombre au service du bien commun.
🏭 Greenwashing : disgusting fashion
A lire les messages sur le site web d’Uniqlo, on jurerait avoir trouvé LA référence en matière de mode responsable.
Il y a même une sorte de manifeste aux intonations quasi révolutionnaires :
“Depuis plus de 20 ans, UNIQLO poursuit un modèle responsable. […] Nous nous engageons pour une planète, une société et des communautés éco-responsables.
La planète et l’humanité se retrouvent face à de sérieux problèmes”.
Et puis il y a le travail des journalistes, en particulier ceux de l’émission “Vert de rage” diffusé sur France Télévision. Ils ont enquêté en Indonésie, sur les bords de la rivière Citarum.
C’est dans cette rivière que les sous-traitants d’Uniqlo déversent leurs eaux usées pleines de produits chimiques : phosphate, chrome, plomb... La liste est hélas bien plus longue.
Cette eau est la seule ressource accessible pour les habitants. Elle irrigue les rizières, permet de nettoyer les légumes.
Le résultat est évident et révoltant : les enfants tombent malades et meurent. L’équipe d’investigation a fait analyser des mèches de cheveux d’enfants de villages alentours. Résultat : en moyenne, plus de 50 polluants différents retrouvés.
L’hypocrisie de la mondialisation à son paroxysme : les méthodes de production décrites ici sont absolument interdites en Europe. En revanche, rien n’interdit à ces multinationales de vendre ces produits honteux en Europe. #Dégoût
🚶🏼♂️ La ressource : moins
La sobriété ! On en parle beaucoup, mais qu’y a-t-il au juste derrière ce concept ? Reporterre vient de publier une grande enquête en 4 volets. C’est passionnant et instructif.
Le dossier commence par une définition DES sobriétés, une clarification bienvenue entre sobriété et efficacité énergétique, et une démonstration de son caractère indispensable.
Puis, au fil des 4 volets, le média en ligne interroge le rapport du politique au concept (volet 2), en quoi les normes sociales nous poussent à consommer (volet 3), et enfin un récit joyeux de ce que pourraient être nos vies et villes sobres en 2050 (volet 4).
Un dossier complet et à 360° avec les éclairages d’ONG, de sociologues, d’ingénieurs, d’économistes, de politologues… !
Une ressource de Reporterre à consommer sans aucune modération !
🚨 Le dessin de presse
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