Retour à la revue de presse après le podcast de la semaine dernière. Merci 1000 fois pour le super accueil que vous lui avez réservé ! 💚
🤑 Le climat s’invite à la BCE
Le débat public oppose très souvent business et protection de l’environnement. Les promoteurs du PIB contre les Amish si on caricature à peine.
La Banque Centrale Européenne (= pas une méchante ONG) a publié (discrètement) la semaine dernière une étude préliminaire sur la résilience du système économique face au changement climatique.
La BCE réalise des “stress test climatiques” sur les entreprises et les banques. Concrètement, elle simule la survenance des risques de transition et des risques physiques et mesure leurs impacts pour les différents secteurs d’activité.
La BCE arrive à peu près aux mêmes conclusions que cette vieille citation de David Bower : “there is no business on a dead planet”.
Voilà ce qu’il ressort des premiers résultats :
“Les coûts à court terme de l’ajustement aux politiques « vertes » sont beaucoup moins élevés que les coûts potentiels engendrés par des catastrophes naturelles à moyen et long terme”.
La BCE alerte en particulier le secteur bancaire (poke BNP dans le chiffre de la semaine) :
“Le changement climatique est une source majeure de risque systémique, en particulier pour les banques détenant des portefeuilles concentrés sur certains secteurs économiques et zones géographiques”.
Quand on voit qu’un bateau en travers d’un canal bloque 12% de l’économie mondiale, on se dit qu’il n’est pas inutile de tester la résilience du système à des bouleversements à venir d’une toute autre ampleur.
⛷ Tout schuss dans la réalité
S’il y a bien un secteur d’activité qui constate le réchauffement climatique, c’est celui des sports d’hiver. Une étude l’a encore confirmé la semaine dernière : les Alpes ont perdu 1 mois d’enneigement en 50 ans à moyenne altitude.
Face à cette réalité, la plupart des stations sur-investissent dans les infrastructures de neige de culture (canons à neige, réserves d’eau…). Une sorte de fuite en avant compréhensible mais hyper délicate.
Métabieuf prend le contre pied. Cette station du Hautdoubs, dans le massif du Jura fait le choix de s’engager pleinement dans la transition. Une première en Europe.
En se basant sur les données scientifiques, elle a acté que le réchauffement climatique ne permettrait plus une pratique viable du ski alpin à l’horizon 2030-2035.
Alors, elle engage un plan sur les 10 ans à venir, avec un budget de 11 millions d’euros pour développer de nouvelles activités outdoor, renaturaliser la montagne, faire évoluer les emplois, adapter l’offre de transports et d’hébergements...
Un choix clair et une vision à 10 ans qui permettent l’adaptation planifiée, organisée et douce plutôt que l’arrêt brutal non anticipé.
Une démarche qui pourrait inspirer bien d’autres secteurs d’activités qui sont ou seront confrontés aux risques physiques et aux risques de transition.
🛠 Bricolage
Dans la famille “le progrès technique va nous sauver”, je demande les bricoleurs de l’atmosphère… Ce bricolage a un nom savant : la géoingénierie.
Certains souhaitent modifier artificiellement l’atmosphère pour refroidir le climat et ainsi compenser l’impact de nos modes de vies déraisonnés.
Plus concrètement, ils envisagent de libérer artificiellement des particules dans la stratosphère pour filtrer les rayons du soleil. Cette filtration aura un effet refroidissant. Pour ceux qui ont déjà fait la fresque du climat, c’est le principe des aérosols.
Ce projet a pris un coup d’arrêt cette semaine. Les chercheurs de Harvard ont annoncé l’annulation du lancement d’un ballon qui devait permettre d’approfondir les recherches.
Et pour cause, ce bricolage inquiète de nombreux scientifiques, ce que reconnaissent les chercheurs en charge du projet :
“Il n'y a pas de consensus international clair sur l'opportunité de ce type de recherche”.
Même si on comprend l’intérêt de la démarche, arrêtons-nous une seconde sur son fondement : on veut dérégler artificiellement la nature pour l'adapter au dérèglement que nous avons déjà artificiellement provoqué par nos activités humaines.
🎉 Le vrac des Good News
Joe Biden dévoile un nouveau plan de 2 000 milliards de dollars pour transformer les infrastructures en y intégrant l’enjeu climatique au cœur.
Les ventes de véhicules électriques ont doublé en 2020 en Europe. Elles représentent désormais plus de 10% des ventes de véhicules.
📈 Le Chiffre : la banque fossile
C'est la progression des financements de BNP Paribas dans le secteur des énergies fossiles en 2020, d’après le dernier rapport de Reclaim Finance.
C'est tout simplement la plus grosse progression parmi les grandes banques mondiales.
Avec cette triste performance, BNP Paribas se place 10ème au classement des banques qui financent le plus les énergies fossiles.
Un comportement évidemment en opposition avec les engagements pris par le monde en 2015 à l'occasion de l'Accord de Paris.
Il est urgent de flécher l'argent vers l'économie qui fait partie de la solution et non du problème.
Espérons qu’ils lisent la note de la BCE relayée plus haut !
Plus de chiffres chaque semaine sur le compte Insta de “Pas de Côté”.
🍷 Les faiseurs : lanceur d’alerte !
Dans un des premiers numéros de “Pas de Côté”, nous avions parlé de l’hypocrisie du label HVE (Haute Valeur Environnementale) utilisé principalement par la filière viticole.
Une manière bien commode d’apparaître “vert”, sans les contraintes du bio. Ce label HVE n’interdit pas l’usage des pesticides par exemple…
Ce label est un vrai fossoyeur du bio car il permet d’afficher l’engagement environnemental auprès des consommateurs sans rien changer aux méthodes de production.
L’association “Alerte aux toxiques” avait fait analyser les vins à label HVE et y avait retrouvé de multiples résidus de pesticides. Ces substances ne sont pas interdites par le label HVE, mais la démarche visait à dénoncer la tromperie pour le consommateur.
Cette association, incarnée par Valérie Murat, vient d’être condamnée par la justice à payer 125 000 euros au Conseil interprofessionnel des vins de Bordeaux (CIVB) pour avoir “dénigré leurs vins”… Cette lanceuse d’alerte a décidé de faire appel.
Que c’est dur de lutter contre les puissants qui mobilisent toute leur énergie pour que surtout rien ne change.
⚽ Greenwashing : marquer contre son camp
Du très haut niveau cette semaine pour la rubrique greenwashing. Allez-vous deviner l’heureux élu ?
Je me déplace tous les week-end en avion, mes partenaires principaux sont une compagnie aérienne et un constructeur automobile. Je suis financé par LE pays qui émet le plus de CO2 par habitant et qui climatise ses stades… Je suis un support publicitaire ambulant qui incite à la surconsommation.
Je suis, je suis ???
Le club de foot du PSG : les nouveaux champions du climat viennent d’adhérer au programme de l’ONU pour rejoindre la lutte contre le réchauffement climatique.
Le PSG a t-il autant d’ambition sur le terrain du climat qu’en ligue des Champions ?
“Le club a installé des panneaux solaires, dix ruches produisant du miel et un potager collaboratif qui « esquissent un programme de préservation et restauration de la biodiversité”.
Impressionnant !
Un article de l’Equipe questionne justement l’usage systématique de l’avion par les clubs de foot. On y apprend par exemple que le PSG se rend à Dijon en avion (1H30 de train)… pendant que leur bus fait le trajet à vide pour les attendre à l’aéroport d’arrivée.
Je leur souhaite d’appliquer aux enjeux environnementaux leur propre slogan “rêvons plus grand”.
Greenwashing : 1 - PSG : 0
✊ Ressource : #VraieLoiClimat
Dimanche dernier, des milliers de citoyens ont manifesté pour réclamer une vraie loi climat à la hauteur des enjeux !
L’inspiration et la créativité étaient au rendez-vous de cette mobilisation ! L’excellent média Positivr a recensé les messages les plus percutants.
Mes préférés :
🎧 Vous avez raté le podcast de la semaine dernière ? Les mots hyper inspirants de Pour un Réveil écologique sont disponibles ici, sur Deezer et Spotify.
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