🎒 Back to school
Cyril Dion, Jean-Marc Jancovici, Camille Etienne, Dominique Meda, Dominique Bourg… 17 personnalités publient une tribune dans le JDD pour réclamer une formation de 20 heures aux enjeux climatiques pour le Président et son futur gouvernement.
La tribune s’est ensuite transformée en une pétition signée par 30 000 personnes.
Ma première réaction a été : chouette, super initiative ! Et puis j’ai lu quelques réactions et j’ai changé d’avis :)
N’est-il pas un peu naïf de penser que le gouvernement n’agit pas par manque de connaissance du sujet ? Au fond, croire cela revient à complètement dépolitiser l’écologie.
Le Président Macron n’agit pas pour endiguer l’effondrement du vivant car il privilégie la croissance économique et croit aux technologies miraculeuses. C’est une vision politique assumée, prise en connaissance de causes, et qui (manque de bol) est majoritaire en France.
Les experts indépendants de l’Autorité Environnementale (AE) ont d’ailleurs confirmé l’inaction en déclarant cette semaine :
“La transition écologique n’est pas amorcée en France”.
La réponse à l’effondrement du vivant repose sur un choix de société et de valeurs, et c’est donc par définition, qu’on le veuille ou non, politique plus que technique. (cf l’excellente ressource en bas de cette newsletter).
🎉 Le vrac des Good News
Fin avril, la Californie a produit 100% de son électricité à partir d’énergies renouvelables pendant 15 minutes.
3 euros par jour pour voyager de façon illimitée en train, bus tramway, métro… C’est le dispositif du “ticket climat” mis en place en Autriche par le gouvernement pour favoriser l’adoption de transports bas carbone !
L’Equateur était précurseur en 2008 en donnant des droits constitutionnels à la “Nature”. Il va plus loin cette année en étendant la protection aux animaux sauvages.
Le loup est de retour en Bretagne après plus d’un siècle d’absence.
[OBSERVATION D'UN LOUP DANS LE FINISTÈRE] Communiqué du Groupe Loup Bretagne - loup.bzh/observation-du…
🛑 Le chiffre : à l’arrêt
C’est approximativement la proportion du parc nucléaire à l’arrêt en ce moment.
Que l’on apprécie ou pas cette technologie, force est de constater qu’elle connaît actuellement de sérieuses difficultés. Les causes sont connues : retards de maintenance dus au Covid, visites décennales, et problèmes de corrosion.
A l’heure de la crise énergétique en Europe et de l’électrification de nos usages, notre première source d’électricité est à la peine. Nicolas Goldberg précise :
“Le réseau électrique, entre 2020 et 2024-2025 est sans marge.”
La production du parc cette année devrait être la plus faible enregistrée depuis 30 ans.
Mais ce n’est pas tout. Comme le disait Chirac, “les emmerdes, ça vole en escadrille”.
En plus de ces problèmes techniques, les températures élevées obligent EDF à réduire la production de la centrale du Blayais (attention, la baisse de la production de Blayais reste marginale).
En effet, des centrales utilisent l’eau de la mer ou des cours d’eau pour refroidir les installations. La sécheresse et/ou les températures élevées peuvent donc représenter des difficultés.
Il y a quelques mois, le rapport Futurs énergétiques de RTE a rappelé l’utilité du nucléaire pour notre pays.
Cela dit, lutter contre le réchauffement inéluctable avec une techno en souffrance et qui supporte mal le réchauffement, c’est assez acrobatique.
👨🏼🌾 Les faiseurs : désertons !
Cette vidéo a fait le tour du petit web écolo cette semaine.
Lors de leur remise de diplômes, des étudiants d’AgroParisTech ont prononcé un discours de rupture avec leurs apprentissages et le monde professionnel auquel ils étaient destinés. Ils poussent un cri d’alarme :
“N’attendons pas le 12ème rapport du GIEC qui démontrera que les États et les multinationales n’ont jamais fait qu’aggraver les problèmes. Vous pouvez bifurquer maintenant”.
Ils défendent dans leur discours une autre vision de l’agriculture (là encore, c’est politique et ce n’est pas un gros mot).
Ils dénoncent "l’agro-industrie qui mène une guerre contre le vivant et la paysannerie partout sur terre”.
Une prise de position courageuse qui a suscité des commentaires très violents des défenseurs de l’agriculture conventionnelle et du statut quo.
🏭 Greenwashing : WTF
La transition est toute trouvée avec le greenwashing de la semaine.
Vous faites attention à votre santé, à celle des sols et au reste du vivant en privilégiant des produits bio dans votre alimentation ? Et bien sachez que vous êtes responsable de la famine en Afrique !
C’est quasi mot pour mot la déclaration lunaire de Erik Fyrwald, le patron de Syngenta, la multinationale de l’agrochimie. Voici ce qu’il a déclaré :
“La conséquence indirecte est que des gens meurent de faim en Afrique, parce que nous mangeons de plus en plus de produits biologiques”
C’est un argument qui revient avec beaucoup d’insistance depuis la guerre en Ukraine et les perturbations alimentaires associées. Il faudrait produire au maximum à grands renforts de chimie et “quoi qu’il en coûte” pour le vivant afin de (faire un max de pognon) nourrir le monde.
Le patron de Syngenta va donc encore un cran plus loin en pointant du doigt les consommateurs de bio comme responsables indirectes de la famine.
La chimie au service du climat et de la santé ce n’est plus du greenwashing mais de l’art. Quel culot !
On rappelle au passage que le bétail et son alimentation accapare la grande majorité des terres arables (=>moins de viande), qu’on gaspille 1/3 de ce qui est produit (=>améliorer toute la chaîne) et que l’obésité tue davantage que la famine (=>mieux répartir).
Voilà de vrais leviers pour “nourrir le monde” (comme ils disent avec un ton paternaliste), sans pour autant tuer la vie.
Pour trancher la question, je propose un octogone entre le patron de Syngenta et Hélène Grosbois que nous avons eu la joie de recevoir dans le podcast diffusé la semaine dernière.
🚨La ressource : ça fait mal
Sa parole était devenue rare dans les médias, Aurélien Barrau s’est exprimé cette semaine au micro de FranceInter.
Son discours est toujours aussi clair, percutant et profond.
Les paroles et les écrits d’Aurélien Barrau ont contribué à ma prise de conscience et à mon changement de vie.
Sauf qu’aujourd’hui en l’écoutant, la claque est rude. Pourquoi ?
Ce qu’il dit avec force et de façon convaincante, c’est que travailler à la décarbonation du monde est quasiment la plus mauvaise réponse à l’effondrement du vivant que nous connaissons.
“Il ne faut pas nous réinventer en ingénieurs de la décarbonation”.
“Essayer de faire la même chose en polluant un peu moins, ça n’a absolument aucun intérêt. Ce que nous cherchons à faire aujourd’hui, c’est à exterminer la vie. Si on ne change pas de destination, le moyen par lequel on y arrive n’a aucune importance”.
Je vous laisse avec mes doutes sur le sens de mon travail et me réconforte en citant Stanislas Leszczynski :
Pour croire avec certitude, il faut commencer par douter.
Proposer une formation est aussi un acte politique. Sans réponse, on confirme que les politique n'ont pas cet objectif.
15 minutes d'énergie 100% renouvelable, mais quid de la 16eme minute ? Un seul moyen d'adapter aussi rapidement la production à la consommation, c'est le gaz ou le charbon. Attention aux raccourcis, un système énergétique doit se penser dans sa globalité.
Enfin, le nucléaire à l'arrêt à cause du réchauffement, un argumentaire dont je vous encourage à vérifier le bien-fondé. Il y a en plein désert de l'Arizona, une centrale de 4Gw (4 reacteurs),en tout point semblable à nos centrales, qui fonctionne sans source froide fluviale (donc on ne réchauffe pas le fleuve et ne ne limite pas la puissance pour éviter de réchauffer de plus de 2deg le fleuve), et sans source froide en mer. Pas de réduction de puissance même lorsque le température dépasse 45 ou 50°.
Merci pour ce rendez vous du dimanche.