🎉 Ça bouge !
Fin octobre, l’ADEME (Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Énergie) a publié la dernière version de son baromètre : les représentations sociales du changement climatique.
Ce baromètre a un immense mérite : il pose les mêmes questions depuis 10 ans à des échantillons représentatifs de Français. Cela en fait un outil précieux pour analyser les changements de mœurs en matière d’environnement sur le temps long.
Quelques belles réjouissances :
Prise de conscience : entre 2011 et aujourd’hui : deux fois plus de Français placent l’écologie comme la préoccupation numéro 1.
A l’intérieur de ce thème, le dérèglement climatique a remplacé les pollutions (air & eau) comme sujet de première préoccupation.
Passage à l’action : l’adoption de gestes individuels progresse significativement. C’est même assez spectaculaire pour certains sujets :
Deux fois plus de Français disent avoir recours au vélo à la place de la voiture pour certains déplacements (versus 2008).
30% de Français supplémentaires disent limiter leur consommation de viande (versus 2008).
La tendance est tout aussi spectaculaire pour l’avion :
Les actions à mener pour atténuer le réchauffement climatique sont urgentissimes et on a souvent (toujours) l’impression que rien ne bouge assez vite.
Cela dit, modifier les croyances et les pratiques de 67 millions de Français ne peut pas se faire en un claquement de doigts. Cette étude de l’ADEME, sur un temps un peu plus long montre que le processus est en cours.
Voilà de quoi (re)trouver un peu d’espoir dans notre course au changement.
🔓 Ça ne bouge pas !
Si des consciences citoyennes s’éveillent, il reste d’irrésistibles verrous qui bloquent toute transformation : les lobbys qui s’accrochent de toutes leurs forces au monde d’avant.
Deux actualités récentes en ont encore apporté la preuve :
1/ Un vaste scandale de corruption éclabousse le Royaume-Uni. Là-bas, les députés peuvent cumuler d’autres emplois et se faire rémunérer (par exemple) par des industriels. Les derniers scandales révélés montrent les liens plus qu’étroits entre le pouvoir et les milieux d’affaires.
La dirigeante adjointe de l’opposition, Angela Rayner, n’a pas hésité à employer des mots forts en déclarant :
“Les conservateurs sont pourris jusqu'à la moelle.”
Comment légiférer pour le bien commun en étant payé pour défendre des intérêts privés ?
2/ Avez-vous vu passer cette info incroyable ? À la COP26, il y avait davantage de lobbyistes des énergies fossiles que de membres des délégations des huit pays les plus touchés par le dérèglement climatique.
L’ONG Global Witness a décompté 503 accréditions de lobbyistes du pétrole, du gaz ou du charbon. Ils représentaient 100 entreprises de l’industrie fossile.
L’ONG explique clairement les raisons de leur présence : semer la confusion, favoriser le statut quo ou proposer des solutions “douteuses” qui conservent leurs intérêts.
Là encore, pas évident de décider pour le bien commun lorsque les intérêts privés orientent les débats.
Le ver est dans le fruit.
🎉 Le vrac des Good News
Le Portugal ferme sa dernière centrale à charbon. Le pays est en avance de 9 ans sur ses prévisions. Après la Belgique, l’Autriche et la Suède, le Portugal devient le 5ème pays européen à n’avoir plus de centrale à charbon en activité.
Le prix de la tonne de carbone s’envole sur les marchés et atteint près de 75€. Il a plus que doublé en 1 an. Un prix qui devient dissuasif pour des entreprises qui ne respectent pas leurs quotas et doivent en acheter sur le marché.
Aujourd’hui le système des quotas carbone couvre un peu moins de 50% des émissions de gaz à effet de serre de l’Europe. Il s’applique aux plus grosses entreprises des secteurs les plus émetteurs.
Le chiffre : guerre des sexes ?
Une équipe de chercheurs britanniques a fait les comptes : le régime alimentaire des hommes émet 41% de gaz à effet de serre de plus que celui des femmes !
Les causes sont sans surprise : surconsommation de viande ET de boissons (hors eau).
Les croyances et les fabrications sociales ont la vie dure : la viande reste largement assimilée à la virilité. Tout un imaginaire collectif à repenser pour tendre vers des consommations plus raisonnées.
Ce sujet reste tabou car il touche à quelque chose d’assez intime.
Les dirigeants de la COP26 se sont par exemple engagés à réduire les émissions de méthane de 30% d’ici 2030… sans évoquer les régimes alimentaires… L’élevage intensif est pourtant la première source mondiale de méthane.
👏🏼 Positive Friday
A contre-courant de la déferlante de surconsommation et de gaspillage du Black Friday, la marque Aigle a décidé d’agir.
Aigle a fermé ses boutiques et son site de e-commerce vendredi dernier. Une action concrète et radicale à la mesure de l’enjeu.
Cette journée de fermeture a été l’occasion pour la marque de mettre en avant Second Souffle, sa plateforme de seconde main.
Pour en savoir plus, vous pouvez retrouver une interview de Sandrine Conseiller, Directrice Générale de Aigle, qui explique la démarche.
Une marque ne peut pas s’autoproclamer engagée et responsable. Cela doit nécessairement passer d’abord par des actes.
Le dicton “il n’y a pas d’amour, il n’y a que des preuves d’amour” s’applique parfaitement aux entreprises “engagées”. Et vendredi dernier, Aigle a montré une magnifique preuve d’engagement.
😡 Greenwashing : “Touche pas à mes euros”
Ce n’est pas du greenwashing, c’est pire. Cette semaine, on monte d’un cran le niveau d’indécence de certaines entreprises.
Lors des débats de la loi Climat, une proposition a fait réagir : réguler les publicités et enseignes numériques, notamment dans les vitrines des magasins.
C’est alors qu’un collectif de petits commerçants est né : “Touche pas à ma vitrine”. Il a été repris dans tous les principaux médias avec un discours classique de chantage à la survie :
“Cela fait des mois que nous essayons de nous en sortir ! On a la tête sous l’eau, certains d’entre nous mettent la clé sous la porte, et on apprend que l’on va être encore plus réglementés”.
L’histoire était belle… et pourtant.
Des internautes se sont aperçus que le site internet du collectif avait été enregistré par la société Phenix… un des leader de l’affichage urbain de proximité.
Cette société fait partie de l’union de la publicité extérieure, le lobby qui s’oppose à toute règlementation en la matière.
Voilà donc une offensive médiatique montée de toutes pièces par les lobbyistes (en instrumentalisant des petits commerçants) dans l’unique but de préserver leur business néfaste à l’environnement.
Révoltant !
👩🏼👩🏼🦳 La ressource : ensemble
Encore une magnifique vidéo de Camille Etienne et Solal Moisan sur un thème essentiel : dérèglement climatique et générations.
Si le film commence assez brutalement par une confrontation mère/fille plus vraie que nature, on comprend rapidement qu’il n’est nullement question de guerre des générations.
Au contraire, en mêlant musique, texte et danse, cette œuvre nous embarque dans un dialogue intergénérationnel saisissant.
Une œuvre aussi belle qu’utile.
🙄 Le dessin de presse
Dessin repéré sur le compte Linkedin de Maxence Cordiez.
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