🦸🏼♀️ Spiderman
Mercredi, le Président Macron présentait ses décisions (ou plutôt son programme) pour l’avenir énergétique de la France. Dans la lignée du rapport RTE (le gestionnaire de notre réseau électrique) dont nous avions parlé il y a quelques semaines, le Président a annoncé :
Beaucoup de renouvelables (éolien + solaire)
Beaucoup de nucléaire (avec des EPR)
De la planification (non, ce n’est pas un gros mot)
De la sobriété / efficacité énergétique (la différence de concept n’est pas très claire dans son discours).
La France se fixe un nouvel horizon énergétique pour sortir de notre dépendance aux énergies fossiles d’ici 2050. 40% d’économies d’énergie. 100 GW de solaire. 40 GW d’éolien terrestre. 40 GW d’éolien en mer. 25 à 45 GW de nucléaire. https://t.co/das9efaI8BUne France qui fait le choix du climat, de son indépendance énergétique et se projette vers le futur : ça se passe aujourd’hui à Belfort.Emmanuel Macron @EmmanuelMacron
Le rapport réalisé par RTE avait obtenu un assez large consensus, ce qui semble valider techniquement cette série de mesures.
Mais avec cette “approche technique”, nous oublions d’aborder une question de fond. Vers quel type de société voulons-nous aller ? Comment voulons-nous utiliser cette énergie ?
Imaginons un instant l’arrivée demain d’une énergie magique illimitée, gratuite et sans aucune émission de gaz à effet de serre. Ne serait-ce pas en réalité la fin du monde ?
Si on définit l’énergie (comme le fait Jancovici) par notre capacité à transformer notre environnement, cette énergie magique ne serait-elle pas un moyen d’accélérer encore plus ce qui affecte le vivant ?
Comme le dit l’oncle de Spiderman, un grand pouvoir implique de grandes responsabilités. Pas sûr que nous soyons collectivement capable de maîtriser ce super pouvoir. La parenthèse de deux petits siècles d’énergies fossiles nous démontre plutôt le contraire.
C’est d’ailleurs un des arguments des anti-nucléaires qui considèrent cette énergie comme un moyen de maintenir le productivisme effréné en cours.
Vision politique versus approche technique.
Il y a quelques semaines, l’ADEME a réalisé un formidable travail sur la société et les modes de vie à horizon 2050. Chaque scenario permet l’atteinte de la neutralité carbone. Certains sont plus risqués que d’autres.
Voici le point de départ dont il faut discuter collectivement. Un débat démocratique et participatif sur le “pour quoi faire” (=le projet de société) et seulement ensuite en déduire le meilleur “moyen de faire” (= quantité et type d’énergie).
#OkMaisPourquoiFaire
🎉 Le vrac des Good News
Terminée la chasse à la baleine en Islande. Les quotas de pêche ne seront pas renouvelés. Il sera donc interdit de la pêcher à partir de… 2024.
Les mesures de restriction de pêche fonctionnent. FranceInfo revient sur l’histoire du thon rouge d’Atlantique. Il est passé en quelques années de la catégorie “espèce en danger” à simple “précaution mineure”. En une dizaine d’années, les populations de thon se sont démultipliées.
Cet exemple illustre la métaphore de Baptiste Morizot qui compare le vivant à un feu dont il suffit d’attiser les braises pour qu’il se ravive. Et un excellent moyen d’attiser les braises du vivant, c’est de lui foutre la paix.Après son passage chez Quotidien la semaine dernière, Jean Marc Jancovici était cette semaine l’invité de la matinale de Fun Radio. C’est encourageant de constater que les sujets liés à l’énergie et au climat s’infiltrent dans des médias non spécialisés et de grande écoute.
🌳 Le chiffre
Toutes les deux secondes une surface équivalente à un terrain de foot est déforestée dans le monde.
Imaginons que vous passiez 5 minutes à lire ce Pas de Côté, ce ne sont pas moins de 150 terrains de foot qui auront été déforestés pendant ce court laps de temps.
La quasi totalité de la déforestation se fait par le feu. La riche biodiversité est détruite et des quantités gigantesques de CO2 sont libérées dans l’atmosphère.
L’Europe est justement en train de légiférer sur la déforestation importée. Derrière ce terme se cachent les terres déforestées là-bas pour y produire ce que nous achetons ici. Pour être plus précis, ce que nous mangeons.
C’est donc le moment choisi par Greenpeace pour mobiliser sur le sujet et encourager l’Europe à écrire une loi ambitieuse.
🏡 Les faiseurs : solaire
« On consomme en moyenne 1 kilowattheure (kWh) par spectacle. C’est environ dix minutes de douche chaude, vingt minutes de climatisation, un cycle de lave-linge. »
La compagnie Organic Orchestra a pensé et créé un “véritable concert” extrêmement économe en énergie.
Un “véritable concert” car on y retrouve du son de qualité amplifié, des effets sonores et de lumière, ou encore de la vidéo projection.
Les artistes/ingénieurs de Organic Orchestra ont fabriqué eux même le matériel (son, lumière…) et développé les logiciels qui les font fonctionner. L’optimisation énergétique est partout. Ils ont fait de cette “contrainte” un catalyseur de créativité.
La compagnie se rend sur le site du spectacle en vélos équipés de panneaux solaire. L’énergie accumulée dans les batteries durant le trajet est la seule à disposition pour le spectacle du soir. C’est devenu un atout qui ouvre le champ des possibles car il peuvent jouer absolument partout, même dans des endroits sans électricité.
Un très beau récit autour de la culture, du partage et du voyage qui nous permet de revisiter notre imaginaire.
Leur démarche technique et créative vaut largement les 4 petites minutes de la vidéo réalisée par Reporterre. A voir !
📖 Greenwashing : retour de bâton
On ne présente plus le célèbre Festival International de bande dessinée d’Angoulême.
Cette année, un prix devait récompenser la meilleure BD écolo. Il allait être décerné par un jury de personnalités engagées.
Et puis la belle idée a sérieusement déraillé.
Que s’est-il passé ?
Le jury a appris que le prix de la meilleure BD écolo allait être “sponsorisé” par une multinationale de l’emballage : l’entreprise RAJA. Elle a d’ailleurs donné son nom au prix : “le prix l'Éco-Fauve Raja”.
Du plastique, du sur-emballage, des produits à usage unique, bref pas vraiment une référence en matière d’écologie.
Face à ce qui allait devenir une belle opération de greenwashing, le jury a formulé un requête à l’organisateur :
“Nous avons donc proposé aux organisateurs du festival, et ce afin de protéger le sens de ce prix dès sa première édition, de supprimer toute marque sur celui-ci”.
Entre euros et intégrité, l’organisateur a fait son choix : il a conservé l’entreprise d’emballage et a évincé le jury.
Quelques jours plus tard, deux auteurs (dont Blain qui concourrait pour la BD Le monde sans fin réalisée avec Jancovici) ont demandé leur retrait de la sélection.
Espérons que ce nouveau ”bad buzz” dissuade à l’avenir les parties prenantes de réaliser ce genre de partenariats assez douteux.
🎒 La ressource : comprendre
Revisiter notre imaginaire : épisode 2.
Après les concerts solaire de la compagnie Organic Orchestra, la ressource de ce dimanche entremêle aussi savoirs et récits.
Histoires de Comprendre, ce sont des cours en ligne "loisirs" qui décloisonnent les matières en mêlant art, histoire, philosophie et sciences pour mieux comprendre les enjeux de société.
Cette approche multidisciplinaire nous permet de prendre conscience que nos connaissances sont liées à un imaginaire. Un imaginaire construit par nos expériences, nos croyances, et par la manière d'apprendre.
L'un des premiers enjeux abordés dans cette série de cours est le dérèglement climatique. Les modules abordent ce sujet par l'art, les sciences cognitives, l'écologie politique avec des intervenants de très haut niveau.
Spécialement pour les lecteurs de Pas de Côté, Histoires de Comprendre nous offre gratuitement l’accès aux trois premiers modules de la série “dérèglement climatique” (il suffit de cliquer sur les liens suivants pour s’inscrire).
La place de la nature et des animaux dans les fictions. Par Mona Messine, autrice écoféministe. Mercredi 16 février
Une brève histoire de l'écologie politique en France. Par Léa Dang, journaliste chez Socialter et Reporterre. Mardi 22 février
Investir dans l'avion électrique ou ne plus prendre l'avion ? Par Rhéa Haddad et Fabien Dézèques, doctorants et membres d'ACTE Lab. Lundi 4 avril
Je suis inscrit ! Et vous ?
NB 1 : Même si ces modules sont gratuits, on peut évidemment rémunérer le travail colossal réalisé sur le principe de la participation libre après le cours.
NB 2 : Evidemment, ceci n’est pas une pub, mais simplement le relais d’une chouette rencontre avec Ludovine Soulhiard qui porte ce très beau projet dont je partage la vision.
✏️ Le dessin de presse
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