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👽 Science fiction !
Fermez les yeux, nous sommes en 2083.
Chaque jour, des records de température sont battus. Le thermomètre indique presque 50 degrés. Pourtant, nous sommes à plus de 50° de latitude nord.
On suffoque. Les écoles sont fermées. L’état d’urgence est déclaré.
La chaleur fait fondre ou craquer le bitume. Des routes sont fermées. On utilise des camions citernes pour arroser les ponts et refroidir les structures métalliques qui pourraient céder.
La consommation électrique explose par le recours massif aux climatiseurs. Des câbles électriques fondent sous l’effet de la chaleur. Le réseau électrique n’y résiste pas.
Des centaines d’habitants meurent soudainement à cause de la température insoutenable.
Certains se réfugient dans des “centres de refroidissement climatisés”.
On évacue des villages qui se font entièrement dévorer par les flammes des incendies provoqués par la sécheresse et les chaleurs extrêmes.
Sauf qu’il ne s’agit pas d’un scenario de film de science fiction. Tout ceci est bien réel et se déroule en juillet 2021, sous nos yeux, au Canada.
Le phénomène du “dôme de chaleur” qui sévit au Canada est relativement “classique” et “naturel”. En revanche, son ampleur devient exceptionnelle sous l’effet du réchauffement climatique.
C’est justement ce qui est trompeur avec la notion de réchauffement “moyen”.
Un réchauffement moyen de +2 degrés ne veut surtout pas dire qu’il fera +2 degrés partout et tout le temps. En partant d’une température moyenne plus élevée, les phénomènes extrêmes prennent mécaniquement plus d’ampleur. Et c’est ce qu’il se passe au Canada.
Pour info, le village de Lytton au Canada qui subit ce phénomène extrême se situe à peu près à la même latitude que Lille… Pas sûr que le welsh soit très digeste à ce genre de températures.
Il devient plus qu’urgent de lutter sérieusement contre le réchauffement climatique et “en même temps” de nous préparer à y faire face.
Spoiler 1 : c’est pas très bien parti (cf ci-dessous).
📏 Les cancres
En deux semaines, l’État français vient de se faire rappeler à l’ordre deux fois pour son manque d’ambition en matière de lutte contre le réchauffement climatique.
Mauvaise note N°1 :
La semaine dernière, le Haut Conseil pour le Climat (HCC) a distribué les mauvais points : les efforts sont “insuffisants pour garantir l’atteinte des objectifs de 2030”.
Les secteurs de l’agriculture (-1,2% pour les émissions nationales depuis 1990) et des transports (pas de baisse depuis 1990) sont particulièrement dans le viseur du HCC.
En plus de ce constat, le HCC met l’accent sur les lacunes dans les dispositifs d’adaptation au changement climatique : la France est peu préparée. Le gouvernement reconnaît cet état de fait et promet une “actualisation du plan national d’adaptation au changement climatique”. A suivre, donc.
Mauvaise note N°2 :
Ce jeudi, c’est le Conseil d’État qui enjoint la France à lutter plus énergiquement pour le climat. Il laisse à l’État 9 mois pour revoir sa politique en la matière. Encore une décision de justice en faveur du climat.
S’il ne faut pas sous-estimer la portée symbolique, cette décision n’a hélas pas vocation à radicalement changer la donne à court terme. Arnaud Gossement explique tout ici.
Heureusement, une loi Climat & Résilience va remettre la protection de la vie au cœur des enjeux.
Spoiler 2 : c’est pas très bien parti (cf ci-dessous).
🤓 Et pendant ce temps là…
Le Sénat vient de terminer l’examen de la loi Climat & Résilience.
Voici la philosophie des sénateurs majoritaires au Sénat qui ont réécrit le texte :
“Notre conception de l'écologie est d'être le moins punitif possible.”
“La meilleure façon de ne pas prendre en compte le problème climatique, c’est d’imposer, d’interdire, et de ne pas lier cette problématique à celle du développement économique.”
Voilà qui en dit déjà long…
On récapitule :
Le Président a demandé à la Convention Citoyenne pour le Climat (CCC) de proposer des mesures afin de baisser nos émissions nationales de 40% d’ici 2030 (objectif déjà caduque car l’Europe ambitionne désormais une baisse de 55%)
Le Président utilise 3 jokers sur les 149 mesures mais promet de pousser les 146 autres “sans filtre” devant la représentation nationale.
Les lobbys entrent en jeu. Des mesures sont détricotées, amoindries ou purement supprimées avant d’arriver à l’Assemblée Nationale.
A son tour, l’Assemblée Nationale, en commissions, diminue la portée de nombreuses mesures.
Le texte arrive enfin au Sénat qui le réécrit en profondeur en reculant sur les sujets ayant le plus d’impact pour le climat.
Même Barbara Pompili s’est émue de la version des sénateurs :
“Les sénateurs ont voulu donner le change en repeignant la carrosserie mais ils ont surtout cassé le moteur de la loi. Ils ont systématiquement amoindri les mesures à fort impact écologique”.
Le texte doit désormais repasser devant l’Assemblée Nationale. On se demande bien ce qu’il va en rester in fine.
En tout cas, pas besoin de faire appel à Carbone4 pour comprendre que l’objectif initialement donné (-40% d’émissions d’ici 2030) ne sera pas atteint avec ce qu’il reste des propositions de la CCC.
Il va falloir passer à la vitesse supérieure. Et si on regardait ce que fait le Pays de Galles ?
🎉 Le vrac des Good News
Comme beaucoup de pays, le Pays de Galles s’est engagé à atteindre la neutralité carbone en 2050. Cela signifie pour cet État une réduction de ses émissions de 80% d’ici là (par rapport à 1990).
Voilà ce déclare Lee Waters, vice ministre en charge du changement climatique :
“Cela implique des changements radicaux dans toutes les sphères de nos vies. Les transports représentent 17 % de nos émissions totales, ils doivent donc jouer leur rôle.”
À la différence d’autres États, le Pays de Galles regarde en face ses postes d’émissions et tente d’agir à la hauteur des engagements.
Ils viennent ainsi d’annoncer qu’ils ne construiraient plus de nouvelles routes, et décident de réaffecter les fonds à la maintenance du réseau existant et au développement des transports en commun.
Cette décision est vertueuse pour lutter contre les émissions de gaz à effet de serre, mais aussi pour les pollutions induites et l’artificialisation des sols.
Et si on s’en inspirait ?
💧 Le Chiffre : 1/4 des humains
C’est le nombre d’habitants sud-asiatiques dont la vie dépend des glaciers de la chaîne himalayenne.
Le cycle naturel des glaciers leur apporte l’eau douce indispensable à la vie : boire, se laver, mais aussi se nourrir avec l’agriculture, ou produire de l’énergie avec l’hydroélectricité.
A moyen terme, la fonte de ces glaciers est une menace directe pour leurs vies. Selon les scénarios de réchauffement climatique, entre un tiers et deux tiers des glaciers de l’Himalaya pourraient avoir disparu en 2100.
A court terme, ce sont les inondations qui inquiètent les scientifiques. La fonte des glaciers est en train de créer des centaines de lacs : 900 nouveaux lacs se sont formés en 20 ans dans ces montagnes. L’accumulation d’eau peut faire céder les moraines et déverser dans les villes et villages en contrebas d’immenses quantités d’eau.
Pour ce phénomène comme pour d’autres, la tendance est à l’accélération. Alton Byers, géographe spécialiste de la montagne, précise :
“Tout cela se déroule beaucoup plus vite qu’on ne le prévoyait il y a seulement cinq ou dix ans”.
Pour aller plus loin, lisez l’article passionnant du National Geographic sur le sujet.
🦄 Des licornes aux licoornes
On connaissait les licornes, ces start up valorisées plus d’un milliard, voilà désormais les licoornes !
Deux “o” qui changent TOUT, en référence au modèle cOOpératif. Elles ne valent pas un milliard d’euros mais fourmillent d’un milliard d’idées pour transformer la société.
9 coopératives se réunissent dans ce collectif profondément politique (au sens noble du terme). Elles portent une vision et souhaitent “proposer aux citoyens une alternative aux multinationales”.
Les 9 coopératives fondatrices du collectif œuvrent dans des sujets clés de transformation de la société : mobilité, énergie, banque, distribution…
Railcoop, que nous avions rencontrée dans le dernier podcast, fait partie de ce collectif.
Les mots “écologie”, “démocratie”, “collectif”, “solidarité” prennent vie dans le champ de l’économie grâce à ces formes juridiques qui placent l’intérêt collectif au centre. Les 9 coopératives évoluent en Sociétés Coopératives d’Intérêt Collectif (SCIC).
Des faiseurs qui agissent, qui inspirent et qui essaiment ! A suivre...
🖥 Greenwashing : 94% de bullshit
Merci à FranceInfo de consacrer un article de sa rubrique de “FactChecking” à la communication de Facebook sur ses émissions de CO2.
C’est très positif de voir un média généraliste faire de la pédagogie sur les subtilités des émissions directes et indirectes (Scope 1, 2 et 3).
Facebook a annoncé fin juin avoir réduit ses émissions de 94% de CO2 et avoir atteint la fameuse “neutralité carbone”.
L’empire Facebook (avec Instagram, WhatsApp) dont l’activité consiste à passer des heures sur les smartphones et à pousser des publicités pour consommer toujours plus n’aurait aucun impact environnemental.
C’est évidemment une escroquerie intellectuelle.
Penser que l’impact de Facebook se limite à la consommation d’énergie de ses bureaux et de ses data centers n’a strictement aucun sens. C’est pourtant le périmètre retenu par Facebook...
Plus c’est gros, plus ça passe. (ou pas).
🌳 Ressource : “Nous sommes la nature qui se défend”
Bon, cette semaine, on ne va pas se mentir, la ressource n’est pas simple :)
40 minutes de philo, allez-vous relever le défi ?
La ressource est une conférence de Catherine Larrère, philosophe émérite, qui tente de répondre à la question : Qu’est-ce que la nature ?
C’est passionnant, c’est dense, profond et on en ressort avec une vision différente du sujet.
Alors, êtes-vous plutôt moniste ou dualiste ? Pour le savoir, c’est ici !
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