📢 Le sens des mots
Comment ne pas relayer les mots d’Antonio Guterres, le Secrétaire Général de l’ONU en ouverture de la COP 27 :
“Nous sommes en train de perdre le combat de notre vie”.
“Nous sommes sur l’autoroute vers l’enfer climatique, avec le pied toujours sur l’accélérateur.“
“L'humanité a un choix : coopérer ou périr. C'est soit un Pacte de solidarité climatique soit un Pacte de suicide collectif.”
On parle quand même du patron des Nations unies. Une voix qui compte.
Inlassablement, Antonio Guterres alerte le monde et nous ne réagissons pas (moi compris) à la hauteur du niveau d’alerte.
“Suicide collectif”. Si les mots ont un sens, on devrait tout arrêter immédiatement pour l’éviter.
Ou alors, on se dit qu’il exagère un peu, que ce n’est pas si grave ? Ou alors, on pense que notre action personnelle n’y changera rien ? Ou alors, on a tellement peur qu’on ne préfère pas regarder le sujet en face ?
Et si on prenait quelques minutes pour se poser franchement la question et essayer d’y répondre ?
NB : si votre première réaction est : “moi, c’est OK, je trie déjà mes déchets”, ça vaut probablement le coup de vous reposer la question :)
🌍 C’est ici aussi
Quand on parle de +1,5°, on parle d’une hausse moyenne de la température mondiale par rapport à l’ère pré-industrielle.
Méfions-nous des moyennes ! J’adore rappeler cette petite analogie lorsqu’on parle de moyenne : quand Bill Gates entre dans un bar, en moyenne, tous les clients du bar sont millionnaires…
Revenons au climat avec cette nouvelle étude qui pointe les différences de réchauffement selon les endroits du monde. Derrière la température moyenne se cachent de fortes disparités.
Manque de chance, l’étude conclue que “l’Europe s’est réchauffée plus de deux fois plus que le reste du monde au cours des trois dernières décennies et a connu la plus forte augmentation de température de tous les continents.”
La France n’échappe pas à la dynamique européenne.
Au niveau mondial, la température moyenne a augmenté de +1,1° par rapport à l’ère pré-industrielle. En France, nous sommes déjà à +1,7°.
Le réchauffement, c’est ici et maintenant.
🎉 Le vrac des Good News
Lors de la COP27, le Président Macron vient de confirmer son opposition à toute exploitation minière des grands fonds marins.
L’extraction minière porterait gravement atteinte aux espèces, à leurs habitats et à la capacité de l’océan à capter du carbone.
Ce combat est notamment mené par Claire Nouvian et son association Bloom.
Claire Nouvian s’est félicitée sans réserve à la suite de cette annonce :
“Nous avons donc gagné. Définitivement.
C’est énorme. Voilà la force de la mobilisation citoyenne. Merci, merci, merci”.
🌳 Le chiffre : aux arbres citoyens
En France, les puits de carbone (forêts, prairies, zones humides et produits bois) captent actuellement 4% des émissions nationales. Ce chiffre est issu du rapport grand public du Haut Conseil pour le Climat (HCC).
Pour atteindre la neutralité carbone en 2050, nous devrons capter 100% de ce que nous émettons. Il va sans dire que nos émissions de gaz à effet de serre doivent drastiquement diminuer pour y arriver.
Mais qu’en est-il de la trajectoire attendue pour ces puits de carbone ?
La Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC) prévoit de doubler notre capacité à capter d’ici 2050 avec deux axes :
Les puits naturels
De la techno (encore “incertaine” selon la SNBC) pour capter et stocker le carbone (CSC)
Sommes-nous sur la bonne trajectoire ? Voilà ce qu’en dit le rapport du HCC :
“Les puits nets observés depuis 2010 sont 60 % plus faibles que ceux anticipés par la SNBC.”
Le HCC avance une explication :
“La dégradation de l’absorption de CO2 par les forêts métropolitaines entre 2013 et 2019 a été causée par une diminution de la croissance des arbres, une augmentation de leur mortalité (sécheresse, tempêtes, incendies, ravageurs) et un accroissement des prélèvements.”
Nous savions que nous étions en retard sur notre objectif de réduction des émissions. Nous savons désormais que nous sommes aussi (très) en retard sur notre objectif d’augmentation des puits de carbone.
Double effet Kiss Cool.
📸 Les faiseurs : 345 PPM
Je vous partage aujourd’hui le travail de Mary-Lou Mauricio, photographe de talent qui réalise de magnifiques portraits pour soutenir la cause climatique.
Cette série de portraits, diffusée à l’occasion de la COP 27, s’appelle : Born in … PPM.
L’idée de Mary-Lou Mauricio : photographier des citoyens avec l’inscription du taux de concentration en CO2 de l’atmosphère de l’année de leur naissance. Cette concentration se mesure en PPM (parties par million).
En voici deux qui m’ont particulièrement touché :
En 2022, nous serons aux alentours de 420 PPM.
Pour retrouver le reste de son travail, c’est ici, et c’est très beau.
⛵ Greenwashing : vert fluo
On n’arrête pas le progrès. Voici désormais le yachting écologique. Du joli journalisme avec un reportage sans aucune mise en perspective des enjeux, ni aucun esprit critique.
Les yachts de 40 mètres sont devenus verts grâce à un bio carburant qui réduirait les émissions de CO2 de 90%.
Cerise sur le paquebot, le fournisseur de carburant plante un arbre tous les 1000 litres de carburant brûlés. Nous sommes sauvés.
C’était évidemment sans compter sur la vigilance du compte @YachtCO2tracker qui suit les émissions de gaz à effet de serre de ces bateaux.
En septembre, ce yacht a consommé presque 60 000 litres de carburant en faisant des ballades dans la Méditerranée. Même en retirant 90% des émissions (comme l’annonce le reportage…), on atteint en un mois 15 tonnes de CO2, soit 50% de plus que ce qu’émet un Français en une année.
✈️ La ressource : sky is the limit
La ressource de la semaine est une petite infographie publiée par l’Igloo.
J’aime beaucoup le travail de ce “média” qui réalise des visuels et des articles très factuels.
Pas d’approche ultra clivante. Aucune recherche de buzz. Seulement des données sourcées et présentées de façon claire.
Par exemple, cette infographie publiée il y a un mois offre un repère géographique sur les émissions de l’aviation (en incluant l’effet des traînées de condensation).
Propre, clair, efficace. Merci l’Igloo.