Pas de Côté fait un pas de côté en ce mois d’août.
Vous retrouverez le TOP 5 des articles les plus marquants de chaque rubrique. Cette semaine, c’est la rubrique “Les Faiseurs”.
Belle lecture et bel été 💚
🌳 “L’homme qui a arrêté le désert”(02/05/2021)
Je vais vous raconter l’histoire de Yacouba Sawadogo, ce paysan du Burkina Faso qui a donné sa vie à faire revivre les terres.
Nous sommes il y a 40 ans, au Burkina Faso. Deux vagues de sécheresse plongent la région dans la famine. Les plus riches quittent les terres devenues des déserts pour chercher un avenir meilleur ailleurs.
C’est là que le combat de Yacouba Sawadogo prend sa source.
« J’ai su que le jour était arrivé. Il fallait que je travaille la terre, celle qui nourrit et qui soigne. C’était elle qui pouvait nous sauver ».
Le paysan est un autodidacte. Il cherche des solutions en observant la nature et en s’intéressant aux pratiques de ses ancêtres :
« Pour moi, c’était une évidence, il fallait utiliser les techniques traditionnelles pour rendre au sol sa fertilité et éliminer la famine ».
La technique consiste à creuser des cuvettes et à les remplir de fumier. Dès qu’il pleut, l’eau ne ruisselle plus. Elle se retrouve durablement emmagasinée dans cette couche de fumier sous la terre. C’est la technique du zaï.
Des arbres sont aussi plantés pour “fixer le sol”. Des petits murs de pierres sont savamment disposés pour mieux retenir l’eau. Une combinaison de techniques indispensable pour s’adapter à des conditions extrêmement rudes.
Le démarrage est difficile : avant d’être surnommé “l’homme qui a arrêté le désert”, Yacouba Sawadogo a été appelé “l’idiot du village”. Il ne se décourage pas :
« C’est dans le travail et la ténacité que l’on récolte les fruits de ses efforts »
Quelques années plus tard les résultats sont spectaculaires : Yacouba Sawadogo a réussi à faire naître une forêt nourricière de 40 hectares où poussent baobabs, papayers, pruniers et acacias. Il a depuis formé plus de 400 paysans à ses techniques.
Son aura dépasse désormais son pays. En 2018, le cultivateur burkinabais a reçu le Right Livelihood Award, une sorte de prix Nobel alternatif. Il vient d’être reconnu “champion de la terre 2020” par les Nations-Unies.
L’héritage inestimable qu’il laisse aux générations futures est probablement sa plus belle récompense :
« Mon projet est pour les générations futures. Je ne veux pas manger aujourd’hui et laisser mes prochains sans nourriture demain. Je travaille pour semer les graines de la richesse »
Son portrait complet est à retrouver dans “Le Monde”.
✏ Tonnerre de Brest ! (11/04/2021)
Morgan Large est journaliste en France. À première vue, rien de très spectaculaire ni de très engagé. Et pourtant…
Morgan Large alerte sur les impacts environnementaux et sanitaires de l’industrie agroalimentaire en Bretagne. Elle intervient sur le média local Kreiz Breizh.
L’industrie agroalimentaire est particulièrement développée en Bretagne. Les intérêts y sont nombreux et c’est peu dire que les acteurs n’ont pas envie qu’on jette un œil à leurs pratiques.
Plusieurs journalistes travaillant sur ce sujet en Bretagne ont été insultés et menacés. Des plaintes pour diffamation ont été déposées puis retirées juste avant le procès. Une guérilla judiciaire pour faire perdre du temps et de l’énergie et détourner les journalistes de leurs enquêtes.
Avec Morgan Large, une ligne a été franchie : sa voiture a été sabotée et sa vie a été directement menacée.
La pression s’exerce aussi sur son média par des élus locaux qui ont décidé de supprimer leurs subventions. Les enjeux économiques dépassent les préoccupations environnementales et sanitaires.
Son portrait est à retrouver dans le magazine ELLE de cette semaine ou dans cet article de Libération.
🏃🏿♂️ Back to school (14/02/2021)
Pensez à une cour d’école. Que voyez-vous ? Moi je vois un espace assez vide, bétonné et avec un terrain de foot en plein milieu.
La ville de Rennes a décidé de révolutionner ce lieu de vie dans lequel nos enfants évoluent plusieurs heures par semaine. Place à la nature : “parcours de pierres, sols en copeaux de bois, nouveaux jeux, coins calmes pour discuter, sol drainant, végétation”.
Les objectifs sont si importants :
Lutter contre et s’adapter au changement climatique. Végétaliser réduit les ilots de chaleur liés au béton, favorise l’écoulement de l’eau, et permet de capter du CO2.
Lutter contre les inégalités filles-garçons. Repenser l’espace, c’est concevoir la cour de façon non genrée. Les cours d’aujourd’hui participent aux inégalités. Lisez l’étude de l’Unicef si vous en doutez (p47/48/49 et p62).
Reconnecter les enfants à la nature et développer les imaginaires. Végétaliser, c’est aussi créer des cachettes, du relief, du jeu, de la coopération.
Une magnifique réalisation inspirée des cours “Oasis” de la mairie de Paris.
👩🍳 L’ami Ricoré (18/04/2021)
“On est allé bcp trop loin dans la connerie…”
C’est par ces mots plutôt tranchants que le chef lillois Florent Ladeyn démarre son interview au média Brut.
Il tourne le dos à une cuisine déconnectée des saisons et des territoires, à une mondialisation débridée qui assouvit nos envies de fruits exotiques ou d’épices. Sa cuisine se nourrit uniquement de produits locaux et de ses échanges avec les producteurs.
Une démarche 100% locale et bio poussée au maximum. Par exemple, vous ne trouverez pas de café dans ses restaurants mais de la chicorée qui pousse dans le Nord.
“Je suis sûr qu’elle est plantée et cultivée par des personnes majeures, qui gagnent un salaire décent et qu’elle ne fait pas 10 000 km pour finir dans une tasse”.
Dit comme ça, cela pourrait être une évidence, et pourtant, comme il le dit lui même :
“On n’est pas des marginaux, mais ce qu’on fait est marginal […] mais au moins on a l’ambition de montrer que c’est possible”.
Son portrait avait été réalisé il y a quelques années par France24. Une démarche pure et inspirante.
#VivementLaRéouverture
🎞 Action, ça tourne (21/02/2021)
Faire, en ne faisant pas… Ce n’est pas le dernier sujet du bac de philo, c’est la démarche d’Albert Dupontel à la dernière cérémonie des Cesar !
Il a décidé de faire passer un message en ne s’y rendant pas (malgré les 12 nominations de son film “Adieu les cons”).
Quel rapport avec la choucroute ?
« Toutes ces multinationales, ces produits, ces hommes d’affaires qui veulent être les meilleurs. Le résultat, c’est que la banquise fond et on se chope des virus. Donc ça serait bien d’arrêter d’être le meilleur et d’être juste soi-même, d’écouter un petit peu autrui et je pense que la planète peut se calmer. Mais bon, je ne suis pas sûr d’être entendu parmi les meilleurs ! »
Voilà la raison de son boycott : refuser le principe de la compétition qu’il juge ridicule dans le domaine artistique et mortifère pour l’environnement.
Tentons un parallèle avec une actualité : Emmanuel Faber, patron charismatique et engagé (revoir avec le recul son discours inspirant de 2016 à HEC ci-dessous) a t-il été mis dehors parce que Danone était au bord de la faillite ?
Avec un bénéfice de 2 milliards d’euros en 2020 (en pleine année Covid), on peut aisément répondre que non.
Ce que lui reprochent les actionnaires, c’est “juste” de ne pas avoir avoir été LE meilleur dans la compétition qui l’oppose à Nestlé et Unilever.
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