💔 Rendez-vous manqué
Lutter contre l’artificialisation des sols : cette proposition de la Convention Citoyenne pour le Climat n’était pas la plus médiatique parmi les 149.
Et pourtant, ce sujet est tellement central. Il est à la croisée des chemins entre climat et biodiversité.
Pour le climat, mieux vaut garder des sols “naturels” pour lutter contre le réchauffement (en captant du CO2) et s’adapter aux effets du bouleversement (les inondations par exemple).
Pour la biodiversité, mieux vaut garder des sols “naturels” pour préserver le vivant et ses habitats.
Et puis ces zones (souvent) commerciales enlaidissent nos villes et nos imaginaires. Elles tuent les petits commerçants. Elles contribuent aussi à l’étalement péri-urbain, ce qui génère là encore des émissions par le recours à la voiture pour s’y rendre.
Il faut pourtant agir vite et fort : en France, l’artificialisation progresse 4 fois plus vite que la hausse de la population. On bétonne, on goudronne, on construit, on équipe.
C’était sans compter sur les élus ruraux qui ont dénoncé un frein au développement de leurs territoires.
C’était sans compter sur les promoteurs immobiliers qui ont dénoncé un frein pour les nouvelles constructions de logements.
C’était sans compter sur les entreprises commerciales qui ont dénoncé un frein pour la croissance de leurs activités.
Il reste dans la loi autant de bonnes intentions que de dérogations et d’exceptions possibles (par exemple pour le e-commerce ou les surfaces inférieures à 10 000m²).
L’histoire d’un rendez-vous manqué...
🎱 Du billard
C’est un coup de billard à trois bandes que tente le Président Macron concernant le référendum pour préserver (ou garantir 😉) la protection de l’environnement dans la Constitution.
Rappelez-vous, c’était un engagement pris à l’issue Convention Citoyenne pour le Climat.
Depuis, l’Assemblée Nationale a validé la proposition… mais le Sénat bloque pour une question sémantique. Les sénateurs ne veulent pas que la constitution garantisse la protection de l’environnement mais qu’elle préserve l’environnement.
Notre maison brûle sous nos yeux, mais on débat pour savoir s’il faut arroser/asperger/ /mouiller/tremper/éteindre/étouffer les flammes qui se propagent.
Derrière cette bataille, l’idée est probablement de faire porter à la droite (majoritaire au Sénat) la responsabilité de l’échec du référendum. Une manière donc pour le Président d’endosser le rôle de réformiste leader sur la question environnementale confronté à une opposition conservatrice.
Tout cela pourrait être utile si la question environnementale ne figurait pas déjà dans la constitution…depuis 2004 par l’intermédiaire de la Charte de l’environnement.
C’est précisément ce que dit Arnaud Gossement, avocat spécialiste de la question :
“Le fait d’écrire dans l’article 1er de la Constitution n’a pas plus de valeur que d’écrire dans la Charte de l’environnement, qui a valeur de constitutionnalité”.
Ce à quoi il ajoute :
“Pendant ce temps-là, on procrastine, on fait du débat, de la concertation, alors qu'on a déjà fait le Grenelle, la Convention citoyenne... et on ne décide rien”.
💥 C’est bon ça !
Dans la famille des gaz à effet de serre, nous portons une attention toute particulière au CO2. Logique, il est responsable d’environ 65% de l’effet de serre additionnel.
Nous convertissons d’ailleurs les autres gaz à effet de serre en “équivalent CO2” pour ne suivre qu’un indicateur unique.
Mais parmi les autres gaz, il y en a un à surveiller de près : le méthane. Il est responsable d’un peu plus de 15% de l’effet de serre additionnel. Sur 100 ans, c’est quand même un gaz qui réchauffe quasi 30 fois plus que le CO2.
La bonne nouvelle, c’est qu’il reste moins longtemps dans l’atmosphère. Moins longtemps = moins d’inertie = des “résultats” plus rapides pour notre enjeu climatique.
Le média Reporterre relaie cette semaine une étude de chercheurs qui se sont concentrés sur ce gaz. Ils ont identifié les sources d’émissions anthropiques (énergies fossiles, déchets et agriculture) et ont trouvé des solutions.
Surprise : les solutions sont peu coûteuses et peu impactantes pour nos vies. Appliquer ces mesures ferait baisser de 45% les émissions de méthane en 10 ans, avec des impacts très significatifs :
Pour le climat, elles éviteraient 0,3°C de réchauffement
Pour la santé publique, elles réduiraient les problèmes d’asthme
Pour l’agriculture, elles augmenteraient certains rendements agricoles
Pour aller plus loin et découvrir en détail ces pistes de solutions, n’hésitez pas à lire l’excellent article de Reporterre.
C’est pas toutes les semaines qu’on peut relayer des études aussi encourageantes !
🎉 Le vrac des Good News
Bayer refoulé par la Cour de justice de l'Union européenne. Le groupe avait déposé un recours contre l’interdiction de trois insecticides de type néonicotinoïdes. La Cour justifie sa décision par le danger de ces produits sur les abeilles.
L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) publie sa liste des aires protégées de manière exemplaire à travers le monde. La France est en excellente position avec 1/3 de ces espaces présents sur son territoire.
Le chiffre : c’est cadeau
C'est la part du mécénat qui est fléché vers la protection de l'environnement et de la biodiversité.
Le mécénat d'entreprises, c'est pourtant plus de 2 milliards de dons par an.
Des acteurs comme "1% for the planet" se mobilisent pour amplifier les contributions des entreprises à la protection de notre planète.
Le principe ? Les entreprises s'engagent à verser 1% de leur chiffre d'affaires annuel à des associations agrées et sélectionnées.
Plus de chiffres chaque semaine sur le compte Insta de “Pas de Côté”.
🚣♂️ Les faiseurs : colibri version aquatique
Un kayak, la Meuse, des déchets… C’est le pitch du portrait réalisé par Positivr sur Mark, un belge qui passe entre 5 et 10h par jour à ramasser les déchets à la surface de l’eau.
Un dévouement extraordinaire au service de la communauté et de l’environnement :
“C’est vrai que je ne sers pas à grand-chose d’un point de vue planétaire. Mais d’un point de vue communal, je sers à beaucoup”.
Son engagement est totalement bénévole. Un véritable sacerdoce :
“Il y a des moments où j’aimerais bien arrêter. Mais les gens polluent de plus en plus. Et si j’arrête, ça voudrait dire que tout ce que j’ai fait jusqu’à maintenant, ça n’aurait servi à rien, j’aurais travaillé pour rien”.
Et Mark de conclure pile dans l’esprit colibri :
“Et si d’autres personnes dans chaque commune pouvaient faire la même chose que moi, eh bien finalement ça se ferait pour la planète”.
💰 Greenwashing : schtroumpfement gonflé !
La pépite de cette semaine a été repérée par BonPote.
Braquer les projecteurs en communicant sur une action gadget tout en continuant à investir massivement dans les énergies fossiles… Un cas d’école de greenwashing.
A ce niveau là, c’est presque de l’art. Allez donc vous faire schtroumpfer la SG.
🚘 Ressource : #deudeuche
Dans le tout premier “Pas de Côté”, je vous partageais la ressource qui allait changer ma vie… La fameuse conférence de Jean-Marc Jancovici à Science-Po.
Après cette mise en bouche, on peut s’enrichir des cours qu’il a donnés à l’école d’ingénieurs des Mines. Une vingtaine d’heures qui traitent d’énergie, de changement climatique, de bilan carbone, d’économie… Le tout en accès libre ici.
Je me suis permis d’en extraire une slide qui illustre magnifiquement le sujet de l’efficacité énergétique et de ses effets rebonds.
Les ingénieurs ont-ils réussi à améliorer l’efficacité des moteurs thermiques :
OUI si on regarde par CV de puissance ou par kg de masse. Cool !
NON si on regarde par véhicule. Pas cool !
On a collectivement choisi d’investir le gain d’efficacité dans davantage de confort, de vitesse et de sécurité.
Ni climatisation, ni autoradio, ni airbags, ni vitres électriques, ni de pointes à 150Km/h avec la 2CV de 1975…
Résultat :
Notre véhicule de 2020 consomme la même quantité d’énergie fossile aux 100km que celui de 1975 (voire plus si on prend les SUV).
MAIS, comme ce véhicule est bien plus confortable, pratique et rapide, nous l’utilisons davantage (étalement urbain, loisirs…).
Pas sûr qu’il faille tout miser sur le progrès technique et l’efficacité énergétique pour résoudre nos maux. #Sobriété…
NB : Le titre est un simple clin d’œil à la place que prend ce sujet dans les médias et les conversations… Jetez un œil à l’étude de l’INA pour voir la place des sujets environnementaux dans les journaux de 20h. C’est pas la folie.
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