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🐟 Poisson volant
La pêche au chalut est déjà largement décriée pour ses conséquences sur les fonds marins et leur biodiversité. La nouvelle étude de 26 experts publiée dans Nature ne risque pas d’améliorer son bilan.
Les chercheurs nous apprennent qu’en raclant les fonds marins, les filets relâcheraient chaque année 1 500 millions de tonnes de CO2, soit davantage que tout le trafic aérien mondial annuel ! Ça fait cher en CO2 le filet de cabillaud à la cantine.
Ces émissions sous marines accentuent l’acidification des océans (ce qui menace encore davantage la biodiversité marine) et contribuent à “l’accumulation du CO2 atmosphérique”.
Les chercheurs nous mettent en garde en soulignant le rôle capital de l’océan comme puit de carbone :
“Les sédiments marins constituent le premier réservoir de carbone à long terme de la Planète”.
Côté “éthique”, rassurons-nous, on peut saccager “oklm” les fonds marins, libérer du CO2 et être étiqueté pêche durable ! Le label de pêche durable MSC ne bannit toujours pas ce type de pratiques.
Un cas d’école de greenwashing déjà relayé dans un des premiers numéros de Pas de Côté.
🛢 De gré ou de force !
C’est par ces mots que Jean Marc Jancovici qualifie souvent la baisse inexorable de la consommation d’énergies fossiles.
Soit on diminue volontairement nos usages (et au passage on s’évite de gros problèmes avec le climat), soit tôt ou tard, il y en aura beaucoup moins car le stock ne se renouvelle pas à une échelle de temps humaine.
Maxence Cordiez nous apprend cette semaine que l’Europe doit sérieusement considérer le scenario “de force”.
Pourquoi ? Parce qu’un rapport du ministère de l’énergie russe a fuité. Il indique que la Russie aurait atteint son pic de production de pétrole en 2019. La Russie, c’est 1/3 de notre approvisionnement. D’ailleurs, d’autres fournisseurs de l’Europe ont aussi passé leur pic, comme la Norvège, le UK ou l’Azerbaïdjan.
Le hic, c’est qu’il risque de ne plus en rester beaucoup, précisément au moment où nous en aurons le plus besoin pour nous adapter aux conséquences du changement climatique. Construire des digues, refroidir un espace, compenser la baisse des rendements agricoles, c’est quand même vachement plus simple avec de l’énergie efficace et abondante.
Il s’agit donc de planifier ASAP la sortie progressive du pétrole pour s’éviter de très très gros ennuis plus tard. “Gouverner, c’est prévoir”.
🚴♂️ L’œuf ou la poule ?
Gnagnagna, râle l’automobiliste, seul dans sa voiture pour aller au travail, constatant qu’on construit des pistes cyclables sur SA route. “Y’a jamais de vélo sur cette route, encore un caprice de bobo écolo khmers verts pour emmerder les automobilistes”, se dit-il.
Et bien non, c’est la piste qui fait le cycliste et non l’inverse !
Guillaume Martin, spécialiste des mobilités de transition, a relayé une étude de chercheurs américains sur les fameuses “coronapistes”. Ces pistes cyclables provisoires réalisées pour désengorger les transports en commun pendant la pandémie.
Les chercheurs ont analysé 736 points de comptage de cyclistes dans 106 villes européennes. Parmi ces villes, certaines avaient adopté les “coronapistes”, d’autres non.
Les résultats sont très clairs : Entre +11% et +48% de pratique du vélo dans les villes ayant mis en place ces pistes par rapport aux autres villes.
Cette étude simple mais efficace montre sans ambiguïté le rôle central des infrastructures dans le développement de la pratique du vélo en milieu urbain. #EmmèneLaBracasse
🎉 Le vrac des Good News
Grande opération de ramassage de déchets sur l’Everest par des alpinistes népalais. Plus de deux tonnes de déchets ramassés.
Le préfet de Paris avait interdit aux militants écologistes de se mobiliser contre la loi Climat. La justice leur a donné raison et a pointé l’atteinte grave à la liberté de manifester.
Les ours se sentent bien dans les Pyrénées. La population a encore augmenté en 2020.
⛔ Le Chiffre : à l’envers
C'est l'augmentation (en GW) du parc installé de centrales à charbon dans le monde en 2020.
Elle n'est pas belle la transition énergétique ?
C'est toujours flippant de regarder les chiffres en valeur absolue et à l'échelle du monde entier. Car force est de constater que ça ne va pas dans le bon sens.
En regardant plus précisément, on voit qu'on ferme des centrales à charbon en Europe et aux Etats-Unis mais que les mises en service en Chine surcompensent ces fermetures.
Et ces mises en service ne sont pas prêtes de s'arrêter : il y a plus de 500 GW supplémentaires prévus (soit en construction, soit en attente de licence...). Cela représente environ 25% du parc actuellement en service.
L'idée n'est pas de blâmer la Chine. Notre consommation ici est un puissant moteur de la production là-bas.
Plus de chiffres chaque semaine sur le compte Insta de “Pas de Côté”.
👩🍳 Les faiseurs : l’ami Ricoré
“On est allé bcp trop loin dans la connerie…”
C’est par ces mots plutôt tranchants que le chef lillois Florent Ladeyn démarre son interview au média Brut.
Il tourne le dos à une cuisine déconnectée des saisons et des territoires, à une mondialisation débridée qui assouvit nos envies de fruits exotiques ou d’épices. Sa cuisine se nourrit uniquement de produits locaux et de ses échanges avec les producteurs.
Une démarche 100% locale et bio poussée au maximum. Par exemple, vous ne trouverez pas de café dans ses restaurants mais de la chicorée qui pousse dans le Nord.
“Je suis sûr qu’elle est plantée et cultivée par des personnes majeures, qui gagnent un salaire décent et qu’elle ne fait pas 10 000 km pour finir dans une tasse”.
Dit comme ça, cela pourrait être une évidence, et pourtant, comme il le dit lui même :
“On n’est pas des marginaux, mais ce qu’on fait est marginal […] mais au moins on a l’ambition de montrer que c’est possible”.
Son portrait avait été réalisé il y a quelques années par France24. Une démarche pure et inspirante.
#VivementLaRéouverture
🛢 Greenwashing : no limit
Là pour le coup, il sera probablement difficile d’aller plus loin dans la connerie (pour reprendre les mots de Florent Ladeyn).
“Du pétrole neutre en carbone”. Relisez bien une deuxième fois : l’entreprise Oxy Low Carbon Ventures a livré du pétrole qu’elle qualifie comme neutre en carbone.
L’avantage avec cet exemple, c’est que cela montre (par l’absurde) à quel point la “neutralité carbone” à l’échelle d’une entreprise n’a aucun sens. C’est d’ailleurs ce que vient de préciser l’ADEME dans un avis sans ambiguïté :
“La neutralité carbone vise à contrebalancer, à l'échelle du globe, toute émission de gaz à effet de serre (GES) issue de l’activité humaine par des séquestrations de quantités équivalentes de CO2”.
“L’objectif de neutralité carbone n’a donc réellement de sens qu’à l’échelle de la planète”.
“Les acteurs économiques [..] qui s’engagent pour la neutralité carbone, ne sont, ni ne peuvent devenir, ou se revendiquer, neutres en carbone, ce qui n’a pas de sens à leur échelle”.
Contribuer à la neutralité planétaire, voilà tout ce qu’une entreprise peut faire.
Pour aller plus loin sur ce sujet, je vous invite à lire cet article de Jean Marc Jancovici qui explique le mécanisme avec pédagogie.
📷 Ressource : le voir pour le croire
Google vient de mettre à disposition une fonction timelapse. C’est une compilation animée en quelques secondes de 37 ans d’images !
Un procédé hyper puissant pour constater l’ampleur de l’impact de nos activités humaines sur l’environnement.
Le timelapse ci-dessus représente l’évolution de la forêt amazonienne : 5 secondes pour visualiser 37 ans de déforestation. Saisissant !
Ce qui est ironique, et tout aussi saisissant (bis), c’est que c’est Google (qui fait légèrement partie du problème…) qui nous pousse un outil pour faciliter la prise de conscience.
D’autres timelapses sont disponibles et classés par thématiques : “beautés fragiles”, “réchauffement planétaire”, “expansion urbaine”… Absolument saisissant (ter).
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C'étais super intéressant merci beaucoup !