Vers l'infini et au delà

Faire ensemble un « Pas de Côté » chaque dimanche, 11h.

févr. 21, 2021

🚘 Elon et son Bitcoin

Tesla a annoncé la semaine dernière avoir placé 1,5 milliards de dollars en Bitcoin.
Coup génial du fantasque patron ou mouvement de panique avant éclatement de la bulle ?

Quelque soit la réponse, ce placement hisse Tesla au rang d’immense pollueur … Belle performance pour une entreprise qui utilise l’argument écologique pour vendre ses voitures.

Le Bitcoin utilise tout un réseau décentralisé d’ordinateurs qui sont en compétition entre eux pour certifier les transactions avec de multiples calculs informatiques : “E que s'apelerio” blockchain. Evidemment, on n’y comprend techniquement rien.

Ce qu’on comprend en revanche, grâce aux études qui se multiplient, c’est que ce flux incessant d’informations entre ordinateurs du monde entier consomme énormément d’énergie. Mais vraiment énormément !

La conso d’énergie pour administrer le Bitcoin sur une année, c’est plus que la conso électrique de toute la Belgique… Si le Bitcoin était un pays, il serait le 30ème plus gros consommateur d’électricité au monde.

Le comble de cette histoire, c’est que Tesla, créée il y a 18 ans, vient de boucler en 2020 son premier exercice bénéficiaire (+ 721 millions de dollars). Et comment a t-elle réalisé ce résultat ?
Par les ventes de ses crédits carbone, pour près de 1,6 milliards de dollars aux constructeurs de véhicules à moteur thermique… Ce marché du carbone (quotas d’émissions attribués aux industriels) ne se base que sur le CO2 émis par les véhicules en roulant. Ni sur le CO2 émis lors de la production des véhicules et des batteries, ni sur le CO2 émis en plaçant sa trésorerie Bitcoin… #Habile

🏭 Pieds et poings liés

C’est une info (passée pour le moment relativement inaperçue) qui risque de faire du bruit : les États européens sont juridiquement entravés dans leur sortie des énergies fossiles.

La faute à un bout de papier : le Traité sur la Charte de l’énergie (TCE). Signé au sortir de la guerre froide, il visait la coopération énergétique entre l’Europe et les pays post-soviétiques. Un traité juridiquement contraignant pour sécuriser les investissements et le commerce de l’énergie. Nous sommes alors dans une époque de forte croissance de la demande et le traité vise à assurer nos approvisionnements.

“Un traité juridiquement contraignant pour sécuriser les investissements” signifie en plus version plus cash qu’une entreprise privée peut attaquer un État qui prendrait des mesures en faveur du climat.

On passe de la théorie à la pratique avec l’exemple des Pays-Bas qui ont annoncé leur intention de sortir du charbon d’ici à 2030. Résultat : l’entreprise allemande RWE les a attaqués début février et leur réclame 1,4 milliards d’euros en s’appuyant sur le fameux Traité sur la Charte de l’énergie.

Que dit l’Europe face à cette épée de Damoclès ?

On va renégocier le traité => 3 cycles de négociations plus tard et rien n’a évolué.
Fin 2019 : on montre les muscles, on va sortir unilatéralement du traité…
… 2021 : Oups, on s’aperçoit qu’il y a une clause qui dit qu’en cas de sortie unilatérale, on est tenu 20 ans par le dit traité.

Traité sur la Charte de l’énergie : 1 / Accord de Paris : 0

👩‍🌾 Fake News ?

La Fondation Nicolas Hulot a sorti un rapport choc la semaine dernière sur les pesticides. Deux chiffres spectaculaires :

+25% d’usage des pesticides sur les 10 dernières années (contre un objectif de -50% pris en 2009 lors du Grenelle de l’Environnement)
1% des financements publics ont une “efficacité avérée” pour faire baisser les usages

Fake News répondent le monde agricole, le ministre de l’agriculture et certains journalistes spécialisés (dont certains travaillent pour les lobbys agro-alimentaires à leurs heures perdues). Sur la période, l’usage des pesticide a baissé de 36%, disent-ils !

Une bataille d’indicateurs très bien expliquée par le NouvelObs dans cet article qui cache en réalité le débat de fond : comment les financements de la Politique Agricole Commune (PAC) orientent notre agriculture ? Les négociations sont en cours et le collectif d’associations “Pour une autre PAC” a formulé 12 propositions fortes.

La PAC, c’est aujourd’hui 43% du budget de L’Union, soit plus de 408 milliards distribués sur la période 2014-2020. Un sacré levier pour repenser nos champs et nos assiettes.

🦋 Le Chiffre

Comme les 5 grandes menaces qui pèsent sur la biodiversité.

Elles sont formulées par le comité international d'experts de l'IPBES (une sorte de GIEC de la biodiversité).

Les voici :
👉 Changement d'usage des terres et de la mer : exemple, l'artificialisation des sols.
👉 Exploitation directe d'organismes : exemple, la surpêche.
👉 Changement climatique, pas besoin d'exemple :(
👉 Pollutions : exemple, les pesticides (cf ci-dessus…et ci-dessous…)
👉 Espèces exotiques envahissantes

Ces pressions affectent les milieux, les écosystèmes et entraînent la disparition des espèces.

Plus de chiffres chaque semaine sur le compte Insta de “Pas de Côté”.

🌎 Les faiseurs : carrément l’ONU !

Dès lors qu’on est sensibilisé au sujet, on essaie tous, d’une manière ou d’une autre de protéger l’environnement.

Il y a un large spectre dans l’ordre de grandeur de l’engagement : ça va en gros de pisser sous la douche à devenir conseiller climat au sein de l’ONU !

Nathan Méténier est le premier français à avoir été nommé conseiller climat auprès de l’ONU… et Nathan a 21 ans ! Engagé depuis déjà longtemps, militant, activiste, il a désormais la lourde tâche de convaincre les politiques du monde entier :

“J'ai souvent l'impression de parler à mes parents. Les arguments que je fais valoir sont les mêmes.”

Pour aller plus loin, vous pouvez voir ici quel est concrètement son rôle et la vision qu’il porte sur nos enjeux climatiques ! Clair, percutant, inspirant !

👨‍🌾 Greenwashing : no limit

A force de lire des articles sur les pesticides, il fallait bien que ça arrive. Les algorithmes de Linkedin ont eu la bonne idée cette semaine de me pousser cette publicité de Bayer…

J’ai failli tomber de ma chaise en lisant ces messages. Quel culot !

Quelques points importants :

Bayer, c’est le groupe qui a racheté Monsanto et son fameux glyphosate pour 63 milliards. C’est désormais le leader mondial des pesticides.
Monsanto est un multi récidiviste, condamné pour les effets de ses produits : le céréalier français Paul François, le jardinier américain Dewayne Johnson… Une série de condamnations que Monsanto essaie d’endiguer en signant des accords avec les plaignants pour éviter les procès : le plus médiatisé leur a couté la bagatelle de 10 milliards et leur évite des milliers de procès sur le glyphosate. Il y a eu aussi un accord à 400 millions dans le Missouri pour leurs pesticides à base de Dicamba ou un autre à 820 millions pour la pollution des cours d’eau au PCB.
Enfin, Bayer, c’est un labo pharmaceutique qui fait de la recherche et commercialise des produits pour le traitement des cancers…

En stratégie, on pourrait y voir une sorte de diabolique intégration verticale. L’indécence n’a clairement plus de limite.

📱 Ressource : dressage

Encore un merveilleux podcast de Delphine Saltel de la série : “Vivons heureux avant la fin du monde” à propos de nos “doudous numériques” : les smartphones.

Cet épisode explore les enjeux écologiques de production et d’utilisation, mais aussi notre rapport à cet objet.
Pourquoi a t-il pris une si grande place dans nos vies ? Comment reprendre le contrôle et “dresser son smartphone” ?

Un épisode toujours aussi bien réalisé, hyper agréable à entendre, animé, surprenant, et qui nous fait beaucoup réfléchir.

A écouter ! (sur son smartphone of course)

Résultat du sondage de la semaine dernière :

On se demandait quelle était la véritable raison de l’abandon du projet d’extension de Roissy avec son Terminal 4.
Plus partagé, c’est impossible ! 33% c’est vraiment pour le climat, 33%, c’est lié au Covid et à la baisse du trafic, 33%, c’est un peu les deux !

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